La forêt, bientôt au cœur de notre système de santé ?

Dans une approche inédite, l’Hôpital Léon Bérard à Hyères et l’Académie du Bain de Forêt Provençale (Provence Sylva) ont organisé le mois dernier, le tout premier colloque “Santé & Forêt” en Région Sud. Acteurs de la santé, de la recherche, de l’environnement et de la gestion forestière ont ainsi exploré les liens étroits entre la santé humaine et les écosystèmes naturels. Explications de Claude Fussier de l’Académie du Bain de Forêt Provençale et organisateur du colloque.

Photo : Claude Fussler - forestier - ProvenceSylva

Claude Fussier, pourquoi ce premier colloque “Santé & Forêt” ?

Notre activité doit être mieux connue. Nous sommes des forestiers, des coachs de bain de forêt et des soignants qui avons fondé une association dédiée au développement de cette pratique corporelle et mentale d’immersion en forêt. De nombreuses études scientifiques prouvent ses bienfaits sur la santé. Et la Provence est une région idéale pour sa pratique en toutes saisons. Mais elle est encore marginale. L’image véhiculée par les médias est le “câlin aux arbres” ! Une image simpliste car les études dans ce domaine sont peu diffusées.  

Pour vous, la forêt pourrait enrichir notre système de santé…

Il faut démontrer une causalité robuste, reproductible entre les marqueurs de santé et des séances d’immersion conduites par des coachs qualifiés. En région nous avons la forêt et des coachs. Et nous avons accès aux recherches avancées de beaucoup de pays comme le Japon, le Canada, l’Allemagne et, plus proches de nous, l’Italie et l’Espagne.

Il faudra du temps et de la méthode, non ? 

On ne se précipite pas et on s'interroge :  les professionnels de santé pourraient-ils faciliter la guérison, raccourcir les séjours en y associant les espaces de nature à leur disposition ? Des séances en immersion nature peuvent-elles compenser le stress des soignants ? Peut-on sérieusement envisager une médecine forestière complémentaire à la médecine conventionnelle et en définir des protocoles prescriptibles, voire remboursables comme les cures thermales ? L’idée de réaliser une étude locale est en cours.  

Comment est née cette synergie entre milieu hospitalier et monde forestier ?

L’Hôpital Léon Bérard est fortement engagé dans une politique de développement durable et de responsabilité sociétale. Il possède un vaste espace forestier. Les synergies sont fortes sur plusieurs axes : une forêt préservée, une société en meilleure santé, l’engagement contre le changement climatique, la sensibilisation du public…

C’est ce que vous appelez la démarche “une seule santé” ?

Oui car nous ne pouvons pas concevoir une pratique du bain de forêt sans un engagement contre le dérèglement climatique. Notre santé mentale et physique est améliorée par une nature vivante ! Or celle-ci montre des signes d’affaiblissement sous l’effet de nos négligences et du climat. Cette année l’Europe a perdu 1 million d’hectares de forêt détruite par le feu, un triste record. Einstein disait : “S’il fallait un jour que les forêts disparaissent, l’homme n’aurait plus que son arbre généalogique pour pleurer”, ceci est de plus en plus réaliste. Alors nous devons changer les choses et ce colloque, pionnier en France, va y contribuer !