Le vélo comme une évidence


11 juin 2025

En ce mois de Juin qui nous apporte l’été mais aussi un flot important de touristes amateurs de vélo, le Var est-il en mesure de répondre à la demande ? En partie, car l’aménagement en cours de certains tronçons indique que le plan vélo n’est pas encore finalisé. Le point avec Andrée Samat, conseillère départementale, Présidente de la Commission développement durable, mobilités douces et performance énergetique.

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Andrée Samat, rappelons le rôle que joue le Département dans le programme d’aménagement de voies cyclables ?

Il est essentiel car, sans le Département, il aurait été presque impossible, vu la lourdeur administrative, de gérer en même temps les questions d'ingénierie des infrastructures et de génie civil, la maîtrise foncière, les autorisations de passage et la capacité de faire les travaux en régie. Les travaux auraient été plus lourds et plus coûteux pour les villages traversés. C'est un projet que seul le Département pouvait porter mais qui a demandé une forte mobilisation interne et un fort soutien des élus car le budget est important et lissé sur plusieurs années en fonction des tranches de travaux.

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De quand date le plan vélo ?

Dès 1997, le Département s’est engagé dans la mise en œuvre d’un schéma départemental des itinéraires cyclables. Il a, par la suite, investi dans l’aménagement de deux parcours emblématiques : le parcours cyclable du littoral varois (V65) et la Méditerranée à vélo (EV8).

 

Vous avez déterminé des thématiques ?

Oui, par exemple le Tour du Verdon à vélo long de 256 km dont 193 dans le Var, il traverse 21 communes varoises. Des parcours de randonnées à la journée pour découvrir des sites architecturaux de Bandol à Saint-Raphaël. Le parcours cyclable du littoral qui propose, à ce jour, 92 km aménagés dont 77 en site propre. A terme, le parcours s’étalera sur 120 km, de Six-Fours à Saint-Raphaël. il existe aussi, 22 itinéraires pour les cyclotouristes pour rejoindre les plateaux du Bas-Verdon aux châteaux de l'Ouest-Var, en passant par la Sainte-Baume, les gorges du Verdon, le Massif du Siou Blanc, ou encore l'Ubac des Maures…

Et pour les déplacements quotidiens ?

Nous avançons avec des aménagements qui ont été réalisés sur la commune de La Crau et à la Seyne-sur-mer. Ils ont coûté 1,73 M€ dont 80% ont été subventionnés par l’Union européenne.

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Au-delà de l’attrait touristique, le plan vélo a-t-il un intérêt économique ?

D’abord le plan vélo répond à une vraie demande et les chiffres le prouvent. Grâce à une politique de compteurs, les fréquentations sont mesurées régulièrement et nous constatons une très forte augmentation, surtout depuis le confinement. Ensuite, sur le plan économique, nous mesurons les dépenses des cyclistes dans les villages traversés. Le panier moyen est en hausse de 43% et d’une manière générale, les touristes ont augmenté leur consommation de 42%.

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Du coté de la Région Sud, 

Les pistes cyclables poursuivent leur course en région Sud

Moyen de transport doux par excellence, le vélo prend de plus en plus de place dans notre quotidien. Pour pouvoir se déplacer sereinement, les fonds Européens permettent de créer des kilomètres aménagements

Encourager une mobilité durable est une nécessité dans une région où la richesse de la biodiversité, la qualité de vie et la qualité de l’air en particulier sont mises en péril par les émissions de CO2. Les chiffres sont éloquents : 98,3 % des déplacements sont effectués en voiture ; 30 % des émissions à effet de serre proviennent du transport routier avec des flux sont concentrés sur les grandes agglomérations du littoral et de la Vallée du Rhône.  

Avec l’Europe, 35,5 M€ d’investissement pour 241 km d'aménagements cyclables et 45 projets 

Afin de favoriser d’autres types de mobilités que la voiture, la Région s’est dotée d’un schéma régional des véloroutes et voies vertes, qui s’est mis en place entre 2014 et 2020 et a porté ses fruits : neuf grands itinéraires cyclables, dont certains sont nationaux et européens ont été créés sur le territoire (Eurovélo 8, ViaRhôna, Via Venaissia, etc.), soit un total de 2 060 km (à achever d’ici 2025). La Région Sud accompagne leur financement, en cohérence avec les objectifs de son Plan climat, au travers de deux appels à projets lancés par la Région en 2019 et 2021, complétés par le soutien européen : un montant total de 35,5 millions d’euros (M€) de crédits ont été mobilisés au titre du fonds FEDER pour réaliser 241 km d’itinéraire. Ces aménagements ont aussi permis d’augmenter la fréquentation des grands axes touristiques de plus de 25 % en 4 ans. Ce sont ainsi plus de 4 millions de personnes qui ont emprunté nos grandes véloroutes (La Méditerranée à vélo-EV8, la ViaRhôna-EV17, la Via Venaissia et la V65 (Nice-Aigues-Mortes)). 

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François de Canson, président du CRT (Comité Régional de Tourisme) ©regionsud 

Quelles perspectives d’ici 2027 ?  

Aujourd’hui, les efforts se poursuivent avec l’engagement de l’UE à promouvoir le vélo en Europe. La déclaration européenne sur le vélo,adoptée en avril 2024, l’engage à promouvoir des réseaux cyclables sûrs et cohérents dans les villes, de meilleures liaisons avec les transports publics, des espaces de stationnement sécurisés et l'accès à des points de recharge pour les vélos électriques. Ces engagements seront pris aux niveaux européen, national, régional et local. D’ici 2027, dans le cadre du plan vélo annoncé par le gouvernement, la Région Sud s’est fixée des objectifs ambitieux: achever les 2060 km du schéma régional véloroutes en 2025, doubler la fréquentation cyclotouristique sur nos 9 véloroutes, équiper 200 sites en stationnements vélo sécurisés dans les gares, les pôles d’échanges, les lycées, et installer 100 bornes de recharge Vélos à Assistance Electrique (VAE) d’ici 2025. 

L’association Toulon Var Déplacement

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Bien mais peut mieux faire…

Maurice Franceschi, le président de l’association Toulon Var Déplacement, le concède : la multiplication des bandes vertes réservées au vélo depuis dix ans est tangible, il s’en félicite mais il existe, selon lui, encore trop de trous dans le gruyère ! Problème majeur, la traversée de Toulon.

 

Maurice Franceschi, l’orientation générale du plan vélo sur la métropole toulonnaise vous satisfait-elle ?

Disons qu’on part de très loin. Il y a une dizaine d'années, on était en manque total d’itinéraires cyclables. Maintenant on commence à avoir des tronçons, mais il y a encore trop souvent des ruptures qui posent des problèmes de sécurité. Dans d’autres métropoles on s’attache plus à cette continuité.

 

Comment l’expliquez-vous ?

Il y a sûrement des contraintes géographiques mais les autres en ont aussi. Je pense notamment à Nice qui est un peu dans la même configuration. Par contre, les azuréens n’ont pas hésité à supprimer des voies réservées aux voitures pour faire de vraies pistes cyclables. C’est ce que nous voudrions à Toulon, par exemple, pour sécuriser la traversée d’Est en Ouest, il faudrait avoir le courage de créer une piste cyclable sur le boulevard de Strasbourg ou sur l’avenue de la République en supprimant une voie voitures.

 

N'est-ce pas justement à l’étude ?

Le lointain projet de tramway permettait d’élargir les trottoirs. Avec le tunnel et les travaux d’élargissement de l’autoroute, nous pensons que des contraintes ont été levées permettant de faire une piste au cœur de Toulon. A Nice, l’avenue Jean-Médecin, équivalente au boulevard de Strasbourg, est devenue une piste cyclable. Si on a la volonté politique de réduire la part de voiture, les gens iront davantage vers les vélos et les transports en commun. En 2008, la part modale du vélo était de 1,3%. Le but était d’arriver à 3% en 2025 et on n’y est pas encore. Dans d’autres métropoles équivalentes (Nantes, Grenoble, Montpellier, Strasbourg…), la part se situe entre 7 et 15% !

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La piste littorale semble pourtant très fréquentée !

C’est relatif. Il y a beaucoup de gens qui vont se promener à vélo le week-end. Il y a des touristes aussi. Mais le vélo du quotidien se passe dans les cœurs de ville. C’est là qu’on peut avoir un transfert de la voiture vers le vélo car ceux qui se promènent seulement à vélo n’enlèvent pas des parts voitures. On a une belle piste littorale entre Toulon et Hyères. Il manque encore un bout qui va être raccordé au niveau de l’Almanarre, c’est en cours…

 

Votre combat de longue date commence à trouver récompense…

Oui, on avance, mais pas encore assez vite par rapport à nos besoins surtout pour le raccordement de tous les morceaux, en particulier à Toulon. Ce serait logique qu’il y ait un axe sécurisé et facile d’utilisation.

 

Propos Philippe Bersia 

 

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Pierre Poujol  - Président du comité départemental de cyclotourisme du Var : “Dans le Var, on aime le vélo !”

Le Var est-il un département « vélo » ?

Notre fédération compte 2500 licenciés et selon les statistiques, cela ne représenterait que 20% des pratiquants. Donc oui, on aime le vélo dans notre département.

Que recherche ce public ?

Pour l’activité VTT, les gens recherchent des prestations d'accueil, de séjour, des guides… De plus en plus de moniteurs sont formés pour assurer les accompagnements mais nous manquons cruellement de balisage sur nos massifs pour canaliser ce flux de pratiquants. Pour la partie route, les aménagements du bord de mer sont présents massivement, mais ils sont vieillissants et parfois mal adaptés suite au développement urbain. Quant à l’arrière-pays varois, il manque énormément d'aménagements. 

L’activité la plus précitée : route ou VTT ?
La route et le VTT sont les deux principales activités. Mais aujourd'hui, il y a le Gravel, une pratique qui vient des États-Unis et qui se développe partout sur le territoire. C'est un mix entre un vélo de route et un VTT, un vélo de route avec des pneus plus larges et plus résistants qui permettent d'aller sur les pistes.

Parmi les pratiquants, vous recensez énormément de jeunes ?

Dans nos 45 clubs départementaux, on compte déjà plus de 500 jeunes, exclusivement en VTT. Nous sommes la fédération qui, en proportion, a le plus de jeunes en France. C'est une belle consécration du travail réalisé sur ces 15 dernières années et la marque certaine d’une belle dynamique.