Mourad Boudjellal, l’inclassable !


07 septembre 2025

Entre souvenirs de rugby, politique, franc-parler sur les ondes et retour aux cases de la bande dessinée, l’ancien président du RCT n’a rien perdu de son verbe, ni de son énergie. Dans cet entretien sans filtre, Mourad Boudjellal revient sur ses années au bord des terrains, évoque les échéances électorales à venir, son succès sur RMC dans ”Les Grandes Gueules”, et dévoile ses projets à venir, toujours entre passion, engagement et liberté de ton.

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Mourad Boudjellal, un petit retour sur votre expérience RCT ?

C'était une période de ma vie, agréable par moments et désagréable à d'autres, mais je ne regrette rien. C'est un des chapitres de ma vie. J'espère qu'il y en a encore un autre derrière. Et puis, quand je vois un petit peu tout ce qui se dit aujourd'hui, parce que j'ai pris quelques attaques, je me dis que les gens, n'ont pas conscience de ce qu'on a fait. On venait de Pro D2 et il n’y avait rien, rien. Un stade Mayol sans écran, sans loges, sans sièges, un club sans politique de partenariat, sans bureaux… et nous sommes arrivés au sommet de l’Europe ! Il a fallu tout construire. Durant cette période, on a plutôt fermé sa gueule et fait en sorte de générer le besoin, la ville a suivi parce que ce besoin se montrait urgent et qu’on allait trop vite, mais aujourd’hui, je n’ai pas l'impression que ce soit le cas.


Votre vision sur le RCT actuel ?

Côté sportif, Pierre Mignoni fait du très bon boulot et ce n'est pas simple. Il est l'entraîneur, mais fait aussi, de temps en temps, office de président, gère la relation avec les supporters, avec les partenaires… il a été un peu chargé de rétablir les liens. Sincèrement, je trouve que cette année n'était pas mal. Après, il faut reconnaître qu'il y a deux clubs qui sont très au-dessus et que ça va être difficile de gagner un titre. Ce qui n'était peut-être pas le cas à mon époque, mais le boulot est fait. Moi, ce qui me choque, c'est qu'on a droit à huit emplacements sur le maillot du RCT et la moitié n'est pas remplie. On inscrit ville de Toulon, conseil départemental alors qu’à l’époque, nous les avions enlevé par manque de place pour les partenaires privés. Je ne comprends pas comment, avec l'image du club et l'audience toujours présente, les entreprises locales ne suivent pas plus le RCT, il faut l'aider quoi !

 

L’idée d’un nouveau stade pour remplacer Mayol est toujours présente ?
L'information qui a été faite n’a pas été bonne. D'abord, le club touche quatre millions d'euros de la part de la ville de Toulon pour jouer au stade Mayol. Donc si tu fais un nouveau stade, la ville ne va pas continuer à suivre et il faudra trouver cette somme pour rattraper ça. Le problème, c'est notre bassin économique. Est-ce que notre bassin économique aujourd'hui est capable de remplir des milliers d'hospitalités, de remplir 20 000 places ? Je ne suis pas sûr. Avoir un grand stade ne va pas générer cinq cents nouvelles entreprises du CAC 40 à Toulon ou dans le Var, malheureusement. On sait qu'il y a une crise, qu'on manque d'entreprises leaders. Et moi, j'en veux aux quelques entreprises leaders installées chez nous. Elles ne communiquent pas avec le RCT et ce n'est pas normal. Alors le problème du stade me paraît aujourd'hui totalement prématuré. N'oublions pas qu'on a joué un quart de finale du Top 14 avec quasiment 1500 places inoccupées en raison de travaux. Le match ne s’est pas joué à guichets fermés. Ça, c'est une réalité !

 

Les Grandes Gueules sur RMC est un exercice qui te plait ?

Ça fait des années que je fais ça et je m'amuse. J'ai vu que sur TikTok ou Snapchat, il y avait des vidéos qui ont fait 7 à 8 millions de vues, c'est incroyable ! Tout le monde me parle de mes interventions notamment sur la SNCF ou quitter le pays…  C’est un piège car ils voudraient que je sois en colère à chaque émission et il a fallu leur expliquer que mes colères n’étaient pas préparées ! (rires)

 

Cette porte médiatique va-t-elle en ouvrir d’autres ?

Je prépare une émission télé pour la rentrée sur le, sur le... enfin vous verrez bien !  Il y a un an, on m'a sollicité pour travailler avec Cyril Hanouna mais j’ai pensé que ce n’était pas vraiment ma place. D'ailleurs je trouve anormal qu'on ait supprimé son émission parce qu’aujourd'hui, quand le programme ne te plaît pas, il y a un truc qui s'appelle la télécommande, tu zappes. Donc, oui je prépare quelque chose, à la rentrée pour septembre ou octobre parce que c'est long à mettre en place.

 

Politiquement, vous êtes toujours macroniste ? 

Non non, je suis un repenti. Je me souviens que le responsable de Renaissance à Toulon avait dit que j'étais un point de détail dans l'histoire de En Marche, Renaissance… Je voudrais juste lui répondre qu’il n’est que président du fan club d'Emmanuel Macron… Il pourrait être président du fan club de Justin Bieber, ce serait pareil…Moi, j'ai des idées, des envies, et quand je me suis rendu compte que j'était là, un peu comme une plante avec zéro moyen, j’ai arrêté.

 

La France est-elle en déliquescence ?

Oui, et la situation est grave parce qu'il y a un écart qui s'est créé entre une certaine classe dirigeante et ce que je vais appeler “le peuple”. On voit aujourd'hui la galère dans laquelle on est, par un système qui est dépassé, une classe politique qui n'est pas au niveau, une situation économique catastrophique, un modèle social qui ne marche plus et un Etat qui assume peu, voire plus du tout, les fonctions régaliennes. Les urgences n'existent plus, la police n'existe plus, la justice n'existe plus, l'éducation nationale est en lambeaux. On est le pays le plus fiscalisé au monde. On a mis toute la fiscalité sur le coût du travail, ce qui est une aberration totale. On va dans le mur, on est en train de se paupériser pendant que d'autres avancent, Il y a une partie des Français qui quittent le pays, et ils font partie du haut niveau, l'intelligentsia et ceux qui arrivent ne sont pas en mesure de les remplacer. Ça aussi, c'est un véritable souci pour notre pays. Je ne sais pas où va la France, mais moi, je ne m’y reconnais plus. Ce pays était un exemple pour le monde, même en matière de politique étrangère. La voix de la France n'est plus la même, elle était la voix de la sagesse, une voix qui portait dans le monde. J’ai l'impression que tout ça n'existe plus aujourd'hui. On nous a promis l'Europe de la croissance, on ne l’a pas. L'Europe du plein emploi, on ne l’a pas. L'Europe de la paix, on ne l’a pas. C'est une Europe dirigée à Bruxelles par des gens qu'on ne connaît pas, pour qui on n'a jamais voté et qui vont dépenser des milliards comme Ursula Von Der Leyen, sans rien demander à personne et sans aucune légitimité électorale. C'est une dictature européenne qu'on subit et moi, j'en ai marre de tout ça... ! La France est un pays de liberté où le choix du peuple n'est pas discutable. Je n'ai pas été habitué à me faire diriger par des gens pour qui je n'ai pas voté. Ces gens-là, décident de dépenser des milliers de milliards, mais c'est notre argent, notre contribution à l'Europe vient de nos impôts ! De quel droit et à quel moment peut-on entrer dans un système où ceux qui décident pour nous n'ont pas été élus ? Ça n'a jamais existé et je ne suis pas d'accord avec ça.

 

Votre candidature aux prochaines municipales à Toulon est-elle possible ?

Non, je ne peux pas y aller parce que la politique va m’appauvrir. J'ai une société avec des intérêts économiques, des engagements, des échéances et je ne pourrais pas vivre avec le salaire d'un homme politique. Tout le monde parle d’une possible élection du Rassemblement National à Toulon avec Laure Lavalette. Voilà une figure médiatique du RN dont les éléments de langage fonctionnent bien, elle sait taper sur l'épaule des gens. Mais quand on gratte un peu, ça sonne creux. On peut penser que c'est plus une ambition personnelle, une stratégie parisienne où ils se sont dit : voilà les villes qu'on peut prendre, on va l’envoyer parce que c'est jouable, plutôt qu'en fonction d’un véritable projet pour notre ville. Moi, j'aurais aimé une liste avec des Toulonnais, des gens issus de la société civile et politique, qui montrent leur amour pour leur ville. Mais quand il s'agissait de donner, à Toulon, y'a pas beaucoup de monde ! Ils sont nombreux à aimer Toulon mais pour recevoir ! Leur amour pour cette ville est leur fonds de commerce pour améliorer leur situation, je trouve ça scandaleux. Ça me révolte parce que je connais l'histoire des gens et je me dis : c'est bien beau de dire : j'ai de l'amour pour Toulon… oui, mais tu ne fais qu'encaisser !

 

Ce retour dans le monde de la BD est-il une renaissance ?

Ça se passe bien. Je suis assez content. Je suis très en avance sur les prévisions. Mais quand tu es associé avec Gallimard, tu ressens beaucoup de responsabilités parce que c'est une très grande maison, très prestigieuse et tu dois être à la hauteur. Ce n'est pas facile mais on essaie d'y arriver. En termes de chiffres, on a deux ans d'avance sur ce qu'on espérait. Je retrouve beaucoup de plaisir à faire des livres, à parler et à signer des auteurs. C'est très excitant.