Les correspondants de presse lancent un combat pour la survie


12 mai 2023

Marc Volpin est correspondant local de presse pour le groupe Nice-matin. Basé dans la ville de La Crau, il a décidé d’exercer ces fonctions en parallèle à son activité principale d’exploitant agricole et gérant de gîtes à la ferme. Après un an et demi à sillonner les rues de la ville pour écrire des articles, cet ancien avocat tire la sonnette d’alarme et initie un mouvement social inédit au sein du groupe de presse. Coup de projecteur sur une « mutinerie toulonnaise » qui inquiète l’ensemble des groupes de la presse régionale quotidienne en France.

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Quel est le rôle d’un correspondant local de presse ?

Il est le premier maillon de la chaîne des médias, celui que vous pouvez croiser en centre-ville et inviter chez vous pour parler d’un sujet. Il met en valeur les talents, relaie les actions des bénévoles d’une association, informe sur les projets de la ville. C’est un personnage essentiel de la vie locale qui va permettre à des personnes qui font des choses extraordinaires d’avoir un jour leur nom dans le journal. En étant au plus proche des lecteurs, nous sommes les meilleurs ambassadeurs du journal.

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Quelle est la contribution des correspondants dans la presse quotidienne régionale ?

Nous formons un corps de 35 000 personnes en France et nous fournissons jusqu’à 70% du contenu d’un journal. Dans le Var, nous formons un maillage territorial de quelque 130 correspondants, ce qui garantit la fraîcheur de l’information. Mais paradoxalement, nous n’avions pas toujours conscience de la force que nous représentons et nous sentions parfois dénigrés. Désormais, nous ne nous laisserons plus faire !

Quelles sont vos revendications ?

Nous faisons un métier passionnant qu’il convient de préserver ! Or, nos conditions de travail ne nous permettent plus d’assurer cette mission. Selon un sondage réalisé en 2021 par le collectif national des correspondants locaux de presse, nous sommes rémunérés en moyenne 4,76 euros brut de l’heure. Nous sommes donc devenus les journalistes « low cost » de la presse quotidienne régionale et cette disparité de traitement ne peut plus durer. Le 20 mars dernier, nous avons donc collectivement lancé une « mutinerie toulonnaise » consistant à réduire progressivement notre contribution au journal tant que nos revendications n’étaient pas entendues.

Quels avantages avez-vous obtenu de la part de la direction du groupe Nice-matin ?

La première chose que nous avons obtenue a été un rendez-vous. Le mardi 11 avril dernier, nous avons rencontré le directeur des rédactions au centre éditorial de Toulon. De mémoire de correspondant, c’est totalement inédit ! Il est certain que notre mouvement de mutinerie a directement contribué à l’obtention d’avantages que l’on nous refusait jusqu’ici. Les barèmes de plusieurs articles ont ainsi été revalorisés, mais surtout nous sommes désormais défrayés de nos déplacements dès le premier kilomètre. Par cette avancée majeure, le groupe Nice-matin a prouvé qu’il était à notre écoute et constitue donc un exemple à suivre au niveau national.

Vous faites peur désormais à d’autres groupes de presse ?

Ils redoutent le changement de notre statut qui date d’une loi de 1987, avec une réécriture en 1993, et qui ne tient pas compte du passage à l’ère du numérique. Nos missions ont profondément évolué et cela doit désormais être accepté. Mais surtout, notre statut actuel pose des problèmes juridico-administratifs qui pourraient bien ébranler le modèle économique de la presse quotidienne régionale. C’est la raison pour laquelle notre mouvement n’a presque pas été relayé par la presse locale qui a ainsi manqué à son devoir d’information. Mais le journaliste Loris Guémart de l’émission « arrêt sur images » a réparé cette injustice, et je remercie le courage de Var Infos pour nous avoir donné la parole localement.