Le gaspillage alimentaire au cœur des préoccupations régionales


01 février 2025

Dans un monde où le gaspillage alimentaire est un problème croissant, les acteurs locaux s’organisent. Pour harmoniser les actions et les rendre plus efficaces, le réseau REGAL'im est né en 2019, animé par Manon Pulliat, une jeune ingénieure agronome.

Manon Pulliat, vous êtes une pionnière dans le domaine de la lutte contre le gaspillage alimentaire…Sans titre (Publication Facebook) (Publication Instagram) (Publication Facebook) (Publication Instagram) (750 × 400 px) (2250 × 1200 px) (740 × 400 px) (1140 × 475 px) (Publication Facebook (paysa (72).png (650 KB)

En tant qu’ingénieure agronome, j'ai d'abord travaillé dans la recherche sur les impacts environnementaux et sociaux des productions agricoles dans les pays du Sud. J'ai ensuite choisi de m'engager localement en créant et en animant un Projet Alimentaire Territorial dans l'Aube, auprès de la Chambre d’Agriculture. Depuis près de quatre ans, je suis animatrice du réseau REGAL’im en région  Provence-Alpes-Côte d’Azur, où je travaille pour accompagner les acteurs dans la réduction du gaspillage alimentaire via des actions collectives. Je consacre ma carrière à la lutte contre ce fléau, en mettant à profit mon expertise et ma passion pour la durabilité.

 

Comment et pourquoi le réseau REGAL’im a-t-il été créé ?

Il a été créé il y a 6 ans, à l’initiative de la Région SUD, de la DRAAF* et de l’ADEME**. Ce réseau fédère les acteurs engagés dans la réduction du gaspillage alimentaire, à tous les échelons de la chaîne : monde agricole, transformation, restauration… L’objectif est de créer du lien entre les initiatives locales en facilitant les échanges, le partage de bonnes pratiques et la coordination des efforts à l’échelle régionale. En effet, rien de tel que de s’inspirer des autres pour passer à l’action ! 

 

Quel est votre rôle au sein de REGAL’im ?

REGAL’im rassemble et accompagne les acteurs locaux dans leurs démarches anti-gaspillage alimentaire, un accompagnement personnalisé pour initier ou développer les projets. Mes missions incluent l’animation du réseau via des événements collectifs, ce sont des webinaires de retours d’expérience, des journées techniques de partage entre pairs, une réunion annuelle d’interconnaissance et de co-construction, le partage de ressources et d’exemples concrets. On peut d’ailleurs consulter 63 exemples d’actions dans le Panorama régional.

 

Combien d’acteurs anti-gaspi dans notre région et dans le Var ?

La région PACA compte plus de 300 acteurs engagés, dont 55 dans le Var. Une carte interactive recense une cinquantaine d’entre eux. C’est un département dans lequel les collectivités, associations et professionnels agricoles sont particulièrement dynamiques, notamment sur la valorisation des fruits et légumes déclassés ou invendus. Concernant le gaspillage alimentaire, nous préférons mettre en avant les marges de progression possibles plutôt que de stigmatiser les territoires. 

 

Le message anti-gaspillage est-il plus audible aujourd’hui ?

Oui, ce message résonne davantage, surtout s’il est présenté de façon positive et sans jugement. Réduire le gaspillage alimentaire permet de réaliser des économies pour tout le monde (producteurs, restaurateurs, consommateurs), de limiter son empreinte carbone et de contribuer à une meilleure redistribution des ressources, autant d’arguments qui rendent cette cause consensuelle. 

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Chaque année, la journée REGAL’im réunit tous les acteurs anti-gaspi comme l’an dernier à Lourmarin.

Quel bilan tirez-vous des actions du réseau ?

En quatre ans, REGAL’im a organisé de nombreux événements collectifs et renforcé les synergies entre les acteurs. Plusieurs initiatives exemplaires comme les Cueillettes Solidaires, portées par une association à Cavaillon (Le Village), se sont dupliquées en région, ainsi l’épicerie sociale Zoé à Fréjus réalise des cueillettes chez une productrice et les redistribue à ses bénéficiaires. Aujourd’hui, le réseau est mieux structuré, et les membres ont pris l’habitude de partager leurs expériences, de s’inspirer les uns des autres. 

 

Quelles sont les mesures les plus efficaces ?

Concernant les particuliers, il faut veiller à la bonne conservation des aliments, éviter les achats excessifs encouragés par les promotions, distinguer les dates de péremption : on confond souvent date limite de consommation (DLC) et date de durabilité minimale (DDM) alors que l’on peut dépasser la DDM sans soucis. Pour les restaurants, il faut mieux gérer les stocks, réduire la carte et encourager les clients à emporter leurs restes. On peut en effet demander un doggy bag car la législation oblige ces établissements à vous en fournir ! Pour les cantines, il faut ajuster les portions, proposer des tailles d’assiettes « petite faim » et « grande faim », mieux expliquer aux enfants ce qu’il y a dans leur assiette, réduire le bruit dans le réfectoire et former le personnel. Ce sont des mesures simples mais qui peuvent réduire significativement le gaspillage alimentaire. 

La carte des acteurs du réseau REGAL’im PACA ici

*DRAAF : Direction régionale de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Forêt

**ADEME : Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie