Guillaume Décard : « Développer un tourisme de proximité écoresponsable »


24 avril 2023

Guillaume Décard, président de Var Tourisme et vice-président du Conseil Départemental du Var

Quelle place pour un tourisme responsable dans le plan d’action 2023 ?

Le mot d’ordre du plan d’action 2023 de l’Agence de Développement Touristique Var Tourisme, que je préside, est de travailler sur le Var des quatre saisons. C’est une approche écoresponsable de la promotion touristique, sans occulter toutefois l’objectif d’animer ce secteur économique essentiel. On n’a pas un flux de masse sur le Var mais des pics de fréquentation que nous voulons lisser. Pour y parvenir, la promotion doit se faire en dehors de la saison estivale. D’ailleurs, Var Tourisme est quasiment absent de la promotion estivale.

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Comment les professionnels s’engagent-ils dans cette politique écoresponsable du tourisme ?

Aujourd’hui, l'écoresponsabilité se développe toujours plus chez les professionnels. Plutôt sur le centre et le haut Var. Notre volonté est d’accompagner ces territoires et de réduire les disparités entre les vacances scolaires, les mois d’avril à juin et la saison estivale. L’année dernière, sur les territoires Cœur du Var et Lacs et Gorges du Verdon, les professionnels ont senti un changement, avec plus de continuité sur l’accueil touristique dans leurs établissements. Aujourd’hui, tout le monde avance dans la même direction, vers un tourisme des quatre saisons.

 

Avez-vous constaté l’arrivée de nouveaux touristes et de nouvelles demandes ?

On travaille sur de nouvelles clientèles, plutôt étrangères, ce qui peut aller un peu à l’encontre du tourisme écoresponsable, mais on souhaite aussi développer la deuxième part de marché que représentent, en matière de tourisme, les habitants de la région. On a la chance de recevoir nos voisins des Alpes-Maritimes et des Bouches-du-Rhône, pour des week-end, à la découverte de lieux insolites dans un département préservé. Ce tourisme de proximité est aussi une forme d’écoresponsabilité car on réduit le temps passé en voiture.

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 © Robert Palomba

Est-il possible de mieux étaler l’affluence en période estivale dans le Var ?

Le pic de fréquentation se fait du 14 juillet au 20 août. Et depuis trois ans, on constate que le mois d’août est presque meilleur que le mois de juillet,  les vacances scolaires débutant de plus en plus tard. Notre objectif est d’être une destination familiale. Tout ce qu’on fait aujourd’hui en termes de promotion à l’étranger, vise à accueillir les touristes venant d’autres pays, tout au long de l’année et non plus sur la seule saison estivale. De la même façon, on peut inciter les actifs qui n’ont pas d’enfants, les seniors et les jeunes retraités à venir chez nous hors saison.

Existe-il des solutions pour harmoniser l’affluence entre le littoral et le reste du département ?

Aujourd’hui, tous les territoires se structurent. Cœur du Var, par exemple, est en train de se structurer sur son identité. La Dracénie a investi ces dernières années sur les structures touristiques, lancé La Vigne à Vélo, créé une passerelle à Trans en Provence. Il y a une prise de conscience sur la nécessité d’agir efficacement sur le levier économique du tourisme. En 2022, le tourisme c’est 5 milliards d’euros de retombées, plus de 30.000 emplois, et on a battu des records en nombre de nuitées. Avec la valorisations des filières telles que l’œnotourisme, le vélo, la plongée, la gastronomie, la culture qui sera notre priorité cette année avec un Var inattendu, terre de festivals, de patrimoine, de fondations, de musées d’art contemporain, l’équilibre se fait sur l’ensemble du département. Et tout cela nous aide à mieux promouvoir tout le monde.

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© Var Tourisme - Maison des vins de Bandol

Sites sensibles : gérer les flux de touristes en temps réel

Avec la Région Sud, Var Tourisme a créé, en 2022, un club virtuel rassemblant les community managers des Offices de Tourisme et des territoires dont la mission était de suivre en temps réel l’évolution des flux de touristes sur les sites sensibles.

« Si des pics de fréquentation était constatés à Sillans-la-Cascade, aux Gorges du Verdon ou Porquerolles par exemple, » indique Guillaume Décard, président de Var Tourisme, « on diffusait des messages sur les réseaux sociaux pour inciter les gens à préférer d’autres sites moins mis en avant, mais tous exceptionnels, et on a eu quelques résultats intéressants. »

Une action a également été mise en place l’été dernier avec l’application Waze, là encore dans le but d’inciter le public à se diriger vers des lieux moins fréquentés selon les heures.

«  Avec ces outils, » poursuit Guillaume Décard, « on peut inciter les gens à faire d’autres choix, en évitant de provoquer des pics de fréquentation dont ils seront les premiers à subir les désagréments. La fréquentation des sites sensibles est un sujet sur lequel on va travailler cette année. »