Défense : « Plus de formation pour répondre à la demande qui va doubler »


10 avril 2023

Yannick Chenevard est député de la 1ère circonscription du Var à Toulon (groupe Renaissance), et membre de la Commission de la défense nationale et des forces armées.

L’impact économique des activités de la Défense est-il toujours important dans le Var ?

Il est important et il va continuer à croître parce que les budgets affectés à la Défense sont en très forte hausse. Je viens de rendre un rapport sur l’exécution de l’actuelle loi de programmation militaire, à mi-parcours,  et c’est la première fois depuis quarante ans qu’on ne touche pas à un euro de la programmation militaire. C’est important car on a fait pendant quarante ans ce qu’il ne faut jamais faire. On a considéré que le monde était devenu le monde des bisounours et que la nature humaine à aucun moment ne reprendrait le dessus. Sauf qu’aujourd’hui, on voit ressurgir les vieux démons. On ne peut pas baisser la garde.

 

Comment ces activités ont-elles évolué ?

Pendant les quarante dernières années, on a demandé aux militaires et aux industriels de faire quasiment la même chose avec moins de moyens. On pouvait autrefois faire une projection de 50.000 hommes, elle a été ramenée à 15.000. Donc, il faut tout rebâtir. Heureusement, les armées ont réussi à préserver un outil cohérent et entier. Même s’il était arrivé à une situation extrêmement complexe. Depuis l’exécution de la loi de programmation militaire actuelle, c’est reparti à la hausse avec plus de 6000 soldats recrutés, 1500 personnes de plus dans le renseignement et on voit arriver des matériels.

 

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A l'image : Deux marins surveillent a la jumelle les embarquations belligérantes en rapprochement. 
Appareillage sous menace assymétrique de la FLF La Fayette de la base navale de Toulon, le 26 juin 2018.

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©Simon Ghesquiere/Marine Nationale/Défense

Est-ce que le département est dans la course ?

Les deux nouveaux sous-marins nucléaires d’attaque ont été construits à Cherbourg, mais Naval Group à Toulon et tous ceux appartenant à la BITD (base industrielle technologique de défense) sur le Var ont concouru à cela. Rien qu’ici, c’est 1 milliard d’euros injecté chaque année qui va également à la recherche et au développement car on compte huit laboratoires de recherche concernés par les questions de Défense sur le territoire.

 

Dans l’avenir, comment évolueront les besoins de la Défense dans le Var ?

Je vois des évolutions extrêmement puissantes. La loi de programmation militaire qui arrive représente deux fois le budget de l’actuelle loi qui était déjà colossale en augmentation de crédits. Notre BITD à l’échelle régionale, c’est 5 milliards d’euros dont 1 milliard sur le Var. La hausse des crédits doit s’accompagner d’une augmentation de la formation car l’enjeu est de pouvoir répondre à la demande de commandes. Mais il y a encore des milliers d’emplois non pourvus et c’est plutôt inquiétant parce qu’on va doubler les commandes. A un moment donné, on doit être capable de produire plus et plus vite pour monter en puissance. 

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Portraits d’analyste du centre d’interprétation et de reconnaissance acoustique (CIRA) à bord d’un SNA le 27 mars 2019 à
Toulon. Copyright ©Fabien Eustache/Marine Nationale/Défense

Est-ce que le Var peut relever ce défi ? 

Pour peser sur les affaires du monde et pour assurer le développement du pays, il faut évidemment que la France mette les moyens. Et à présent, la France le fait. Nous avons un savoir-faire avec des hommes et des femmes exceptionnels. On a, dans le Var, un écosystème d’exception et il ne faut pas de rupture entre des gens qui ont le savoir et qui un jour vont partir à la retraite, et des gens qui ont besoin de recevoir ce savoir. Il faut être en capacité de pouvoir recruter, former et transmettre. C’est un enjeu dans une société où le rapport au travail a changé.

 Les armées dans le Var

- Draguignan : écoles militaires de l’infanterie et de l’artillerie

- Le Luc-Le Cannet des Maures : école de l’aviation légère de l’armée de terre ; Centre de formation franco-allemand des hélicoptères TIGRE

- Ollioules : 519e régiment du train

 - Hyères : 54e régiment d'artillerie (54e RA) ; Base d’aéronautique navale (BAN) de Hyères

- Fréjus : 21e régiment d'infanterie de marine  (21e RIMa)

- Montferrat-Canjuers : 1er régiment de chasseurs d’Afrique (1er RCA) ; 3e régiment d’artillerie de marine (3e RAMa)

- Brignoles : Unité d’instruction et d’intervention de la sécurité civile N°7 (UIISC7) ; Direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises  (DGSCGC)

- Toulon : base navale (BN Toulon)