De Henri Grouès à l’abbé Pierre, le récit d’une vie de combats.

On se souvient tous du film “Hiver 54” et de la prestation émouvante de Lambert Wilson. Un film parti-pris sur un épisode de la vie de l’abbé Pierre. Cette fois, c’est Benjamin Lavernhe, de la Comédie Française, qui incarne l’homme le plus aimé des français mais dans ce film qui retrace 94 ans d’existence au service des autres. 94 ans en 2h13 de film, un vrai travail de Frédéric Tellier que Var Infos a rencontré lors de son passage au cinéma Pathé - La Valette. 

Quelle est la chose la plus difficile quand on réalise un film sur un tel personnage ?

(rires) Tout est difficile. Raconter la vie d’un homme qui a changé le monde, la personnalité des français pendant plus de 20 ans, et disparu il n’y a pas si longtemps, ça ajoute un maximum de pression. Pour documenter le film, je me suis rapproché de la Fondation l’Abbé Pierre et de son président Laurent Desmard, secrétaire particulier de l’abbé pendant les quinze dernières années. Il  l’a accompagné jusqu’à la fin et m’a offert toutes ces informations sur sa personnalité. J’ai dévoilé le film avec un grand stress, à ses côtés et aux côtés  d’une partie de la  famille de l’abbé Pierre qui vit à Nantes et à Lyon. Ce fut des moments impressionnants mais tous ont adoré le film.

Votre travail de recherche vous a offert des surprises sur l’Abbé Pierre ?

Je ne connaissais que son image publique, et bien sûr le souvenir de ce mouvement d’insurrection de la bonté, une première mondiale, avec ce curé soulevant le peuple français lors de l’hiver 54. Ma première impression très forte est la découverte de Lucie Coutaz, femme d'exception, militante, secrétaire particulière, et compagne de vie de l’Abbé Pierre pendant 40 ans, et je me suis dit quemon histoire se dévoilait autour de cette femme et de cet homme.

Comment raconter 94 ans d’existence en 2h et quart ?

J’ai commencé par faire une espèce de timeline de sa vie avant d’effectuer ces choix. Très vite, je me suis rendu compte que je ne souhaitais pas raconter un épisode de sa vie, mais toute sa vie car ce qui me fascine, c’est la longévité de cet homme, sa conviction intacte pendant toutes ces années. J’y vois une épopée à raconter. L’épopée d’un homme au milieu des troubles cognitifs de notre société. Ma vision est celle d’un héros de l’ordinaire, au milieu des dérives mentales, sociales, sociétales, économiques et des échecs d’accomplissement de l’être humain. Au milieu de drames et de tragédies qui sont toujours hélas d’actualité, l’abbé Pierre a mené un combat qui ne peut pas être gagné, mais qui serait totalement perdu si on ne le menait pas.

Qu’est-ce qui vous a incité à faire appel à Benjamin Lavernhe pour endosser le rôle de l’abbé ?

Je cherchais une personne qui ne fasse pas une composition de l’abbé. Benjamin Lavernhe, c’est d’abord quelqu’un que j’aime beaucoup. J’avais eu la chance de travailler avec lui sur mon premier film, L’Affaire SK1. Et si j’ai de la tendresse pour tous les acteurs que j’ai eu la chance de diriger, lui me touche de manière particulière. Pour jouer l’abbé Pierre, on voulait en tous cas un acteur qui possède son profil, très technique. Je voulais aussi un acteur qui fasse tous les âges, donc plutôt quelqu’un de jeune qu’on allait ensuite vieillir à l’image. Enfin un acteur qui ne soit pas une star pour qu’il ne vampirise pas le personnage.

Film de Frédéric Tellier · 2 h 18 min · 8 novembre 2023 (France)

Genres : Biopic, Drame

Pays d'origine : 

France