27 novembre 2024
A n’en pas douter, la session d’automne qui s’est tenue ce mardi 26 novembre restera une date historique inscrite dans l’agenda pourtant bien chargé de la chambre d’agriculture du Var. Réunis pour l’occasion dans la salle des fêtes de Pourcieux, le préfet du Var a répondu aux nombreuses préoccupations d’un monde agricole satisfait de pouvoir enfin travailler avec une administration à son écoute.
Un ordre du jour chargé… en émotions !
Sylvain Audemard a eu la lourde tâche de devoir endosser les fonctions de président de la chambre d’agriculture du Var en des circonstances exceptionnelles qui ont vu la disparition de Fabienne Joly, il y a un an, des suites d’une longue maladie. C’est en hommage à cette dernière, et dans le sillon d’une tradition qu’elle avait elle-même inspirée, que la chambre s’est déplacée cette fois-ci à Pourcieux, au cœur d’un territoire qui était le sien.
Visiblement très affecté, Sylvain Audemard a immédiatement posé le décor : « Ce bilan, c’est le nôtre, mais c’est avant tout le sien ! », en faisant référence à la très appréciée présidente dont l’aura a accompagné l’assemblée d’un bout à l’autre de la séance. « On l’appelait notre dame de cœur, elle savait faire avancer les dossiers », remémore-t-il sous l’œil de ses pairs émus.
Max Bauer et le préfet Philippe Mahé © photo - Marc Volpin
Les quatre grands projets de la chambre Une fois les comptes validés et votés sous le quitus un peu épais d’un préfet manifestement acquis au bilan financier de la chambre, le président Sylvain Audemard a rappelé les grands projets de la mandature à venir : plan de reconquête agricole, sécurisation de l’accès à l’eau, création imminente d’un pôle agro-viticole d’excellence et nécessité de construction d’un abattoir dans le Var.
Tout ouïe, le préfet Philippe Mahé s’est vu exposer les problématiques qui restent constantes, notamment sur les constructions illégales, la simplification administrative, les contrôles en exploitation ou encore les effets indésirables de la loi Egalim.
« La nourriture bio qui arrive du Chili est prioritaire sur celle d’un exploitant situé à 300 mètres d’une école, ce n’est pas normal, il faut qu’on continue de travailler sur ce sujet », martèle Sylvain Audemard avec dépit.
S’agissant des risques naturels, la chambre d’agriculture du Var est la dernière chambre de la région à avoir conservé sa cellule de crise en soutien aux agriculteurs sinistrés. « Nous nous devons de les soutenir dans ces moments difficiles », conclut le président.
Max Bauer passe la seconde
Dans la perspective des élections consulaires du début d’année, quelques joutes amicales, et pour ainsi dire très complices, ont été échangées à l’initiative de Max Bauer qui n’a pas manqué de s’agacer sur plusieurs thématiques. Le président de la coordination rurale du Var et de la coordination rurale Paca a déployé toute sa verve pour dresser son constat de la situation : « si c’est pour que les agriculteurs remplissent des dossiers d’administration très compliqués pour lesquels ils doivent recourir aux professionnels de la chambre d’agriculture, c’est tout-à-fait dommage, je ne suis pas solidaire avec cette idée ». Celui-ci a également lancé : « il y a de moins en moins d’agriculteurs sur le territoire et on nous sollicite de plus en plus. Je trouve qu’on n’avance pas assez vite sur les dossiers et que parfois on nous prend pour des couillons ! ».
Eloges au préfet Mahé
Une année et demie après la prise de ses fonctions, le préfet Philippe Mahé a été largement salué pour l’efficacité de ses services. Rémi Gautier, président des jeunes agriculteurs du Var a été le plus éloquent. Après avoir salué un alignement de planètes concourant à l’avancement des dossiers, il a indiqué : « Ça fait longtemps qu’on n’avait pas eu quelqu’un à nos côtés. C’est cette image qui me plait de l’administration. Des hommes avec lesquels, lorsqu’ils appuient sur un bouton, ça fonctionne ! ».
Sylvain Apostolo, élu porte-parole de la Confédération paysanne du Var a soulevé la problématique du revenu paysan tout en indiquant : « Si tout le monde pousse dans le même sens pour protéger l’agriculture, on peut avoir des résultats ». Sylvain Audemard a quant à lui salué les avancées obtenues depuis le mouvement agricole du début d’année, tout en rappelant que « le compte n’y est toujours pas ! ».
Les ambitions du préfet pour le monde agricole
Par de chauds prolégomènes, le préfet a rappelé sa position : « Quand on est à la tête des services de l’Etat, il faut savoir écouter car on a beaucoup à apprendre. A vos côtés, j’ai beaucoup appris. Vous aussi, j’espère vous apprendre. Mon boulot est de tenter de dire la vérité. […] La crise de nos campagnes, elle est réelle, mais on n’a jamais cessé de se parler. Vous n’avez pas cédé à un certain jusqu’au-boutisme, vous avez respecté les biens et les personnes. C’est la seule voie. […] Je ne vous parlerai jamais via les réseaux sociaux. Je vous parle en direct ».
Douze engagements préfectoraux ont été menés ou seront menés avant Noël (dont déclarations du préfet) :
1. Simplification administrative, avec l’exemple des autorisations d’urbanisme pour les serres démontables (formulaire cerfa à 2 pages).
2. Simplification des contrôles sur les exploitations : le préfet, qui aura désormais la charge de la programmation des contrôles et du discernement, a indiqué : « On n’ira pas partout et n’importe où ! ».
3. Simplification des procédures de reconnaissance des aléas climatiques.
4. Simplification de la cartographie des cours d’eau.
5. Lutte contre la cabanisation : « J’ai été préfet en Meurthe-et-Moselle et dans le Finistère. Ce sont des départements éprouvés par la guerre où la notion de République signifie quelque chose. Là-bas, je n’avais jamais entendu parler de constructions illégales. Ici, c’est un vrai sujet ! », a-t-il rappelé avant d’annoncer des actions dans les semaines à venir.
6. Accompagnement des éleveurs victimes de la prédation du loup.
7. Approvisionnement local : développement du circuit court dans les cantines scolaires. « On n’est pas bons ! on ne peut pas toujours se remettre entre les mains des délégataires, on doit faire beaucoup mieux ».
8. Accompagnement de l’Etat dans le cadre de la création du Centre du rosé.
9. Développement de l’agriculture durable : 74 000 € ont été versés par l’Etat au titre du fonds vert.
10. Développement de l’agritourisme : les sites agritouristiques doivent être identifiés et communiqués en préfecture.
11. Ratification du protocole d’expropriation pour indemniser et relocaliser les exploitations agricoles.
12. Amélioration du dispositif de défense extérieure contre les incendies (DECI) « afin de ne plus imposer des choses disproportionnées aux
agriculteurs ».
Propos Marc Volpin