« On ne gagne jamais seul » un livre qui tombe à pic pour Paris 2024.


04 juillet 2024

Né à Nice, Vincent Di Serio, ancien journaliste de la Dépêche du Midi, est aujourd'hui directeur de la communication au sein d’un établissement public. A travers ses livres, il retrace  la vie de femmes et d’hommes hors du commun. Dans son dernier opus, il analyse les duels sportifs qui ont marqué l'histoire olympique.

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Pourquoi cet intérêt pour les grands duels dans l'histoire du sport ?

Dans chaque rivalité à haute intensité, il y a une dimension émotionnelle très forte : tristesse, peur, colère, joie... Et cela m’intéresse. Ce livre va plus loin que le récit sportif, il tente d’explorer ce qui se passe dans la tête des grands champions. Jusqu’où sont-ils prêts à aller dans leurs attitudes, leurs comportements et leurs affrontements. 

 

Les plus grandes rivalités débouchent-elles sur de grandes amitiés ?

Plusieurs athlètes resteront à jamais des ennemis comme les nageurs Gary Hall Jr et Alexander Popov, ou les sprinters Ben Johnson et Carl Lewis. Ils ne passeront jamais leurs vacances ensemble ! Pour d’autres, de grandes amitiés sont nées à l’image de Pierre Trentin et Daniel Morelon ou d’Emil Zatopek et Alain Mimoun. Certains adversaires ont appris à se connaître comme les gymnastes Nadia Comaneci et Nellie Kim. 

 

L’adversité a-t-elle fait des victimes ?

Certains ne se sont jamais remis de leur défaite comme Jean Bouin sur 5 000 m à Stockholm en 1912. Il perd d’un cheveu face au Finlandais Hannes Kolehmainen, après avoir attaqué durant toute la c

ourse. Le décathlonien Jürgen Hingsen n'a jamais compris pourquoi il échouait sans cesse face à Daley Thompson. Parfois, paradoxalement, c’est le vainqueur qui ne s’en relève pas à l’image de Ben Johnson en 1988, vainqueur du 100 m à Séoul devant Carl Lewis, mais contrôlé positif aux anabolisants. 

 

Les arrivées de l'argent et de la médiatisation ont-ils exacerbé les rivalités ?

C’est véritablement une pression supplémentaire. Des contrats sont en jeu et les marques préfèrent les vainqueurs ! Mais à l’échelle de l’histoire, ces tensions sont peut-être moins fortes qu’à l’époque de la Guerre froide où les athlètes étaient, malgré eux, les étendards des modèles politiques défendus par les blocs de l’Ouest et de l’Est. Quelle que soit la discipline, les champions des deux camps avaient pour mission de vaincre l’ennemi. Je me demande encore comment ils ont pu performer dans de telles conditions.

 

Certaines disciplines sont-elles plus concernées que d’autres ?

Chaque sport peut révéler une grande rivalité. Elle est bien sûr plus visible dans les sports médiatiques comme le tennis, la boxe ou le cyclisme. Et ces duels peuvent être attisés par le contexte géopolitique. Un grand duel se définit à mon sens par son intensité émotionnelle, et le fait que deux grands champions, malgré leurs exploits, leur notoriété et leur argent, montrent aux yeux du monde qu’ils sont humains. Simplement humains. 

 

Quels duels vous ont le plus marqué ?

Le duel entre l’Allemand Luz Long et l’Américain Jesse Owens au saut en longueur aux Jeux de 1936 à Berlin est extraordinaire au sens premier du terme. Le combat de la race aryenne avec Luz Long contre la race afro-américaine dite “inférieure” personnalisée par Jesse Owens. Les deux hommes sont au coude-à-coude. Long égale son propre record mais Owens, en franchissant la barre des 8 mètres, décroche l’or. Ce qu’il se passe après est entré dans l’histoire. Entre ces deux hommes, une amitié est née, elle a duré jusqu’à la mort de Long pendant la guerre. L’âme humaine est surprenante. Même dans les ténèbres, peuvent naître de nobles et beaux sentiments. 

Propos - Conrad EBEHAERD 

ON NE GAGNE JAMAIS SEUL

Les plus beaux duels de l’histoire du sport de Vincent Di serio

PARU CHEZ PLON