
30 juin 2024
Le CROSS MED veille, cet été encore, à la sécurité de tous les pratiquants de loisirs nautiques en Méditerranée. Son directeur, Aymeric le Masne de Chermont, le rappelle, à l’orée d’un saison estivale 2024 où une forte affluence de touristes est attendue, jeux olympiques oblige.
©photo-crosmed
Le CROSS MED, c’est quoi ?
CROSS veut dire Centre Régional Opérationnel de Surveillance et de Sauvetage. Il y en a 5 en France. Celui de la Méditerranée dispose de deux sites : un principal à La Garde, dans le Var et un secondaire à Ajaccio sur la base navale d’Aspretto. Le CROSS MED agit sur 115 000 km2 de surface maritime.
Quelles sont ses missions ?
Il y en a 4 :
- La recherche et le sauvetage avec 5000 événements traités par an.
- La surveillance de la navigation, du trafic maritime et du mouillage.
- La surveillance des pollutions avec un œil sur tout rejet illicite grâce à une couverture satellite permanente assurée par l’Agence Européenne pour la Sécurité Maritime.
- L’information nautique et météorologique au profit des marins avec, sur l’ensemble du littoral, des stations radios qui émettent les bulletins de Météo France que nous diffusons en Français et en Anglais.
©La salle d'opération du CROSSMED à La Garde (photo G.A.)
De quels moyens humains disposez-vous ?
R : D’une cinquantaine d’agents militaires et civils sur la base de La Garde et de douze autres en Corse. Le CROSS MED est l’un des services de la Direction Interrégionale de la Mer Méditerranée (la DIRMM) qui relève de la Direction Générale des Affaires Maritimes, Pêche et Aquaculture. Les officiers qui constituent l’état-major du CROSS MED sont des administrateurs qui forment un corps de la Marine Nationale géré par le Ministère de la transition écologique. Nous rendons compte de nos opérations au Préfet maritime de Méditerranée, l’amiral Boidevezi.
Et sur le plan matériel ?
Nous disposons d’une salle d’opération. Nous bénéficions d’un système de gestion des opérations de sauvetage développé par Naval Group et de radios VHF. C’est notre outil de travail.
© Le CROSS MED peut déclencher le déploiement d'un hélicoptère des services de l'état en cas de nécessité -2 (photo D.R. CROSS MED).
Concrètement, comment intervenez-vous ?
Le CROSS MED reçoit une alerte qui a été déclenchée en composant le 196 sur un téléphone ou par radio via le canal 16. Le 196 est le numéro national d’urgence en mer. C’est l’équivalent du 18 ou du 112 en mer. Un opérateur recueille les éléments de l’alerte et en fonction de l’analyse, différents moyens sont déployés.
©Les équipes du CROSS MED veillent au grain toutes l'année pour la sécurité en mer (photo D.R. CROSS MED).
Comment ?
©Le CROSS MED peut déclencher le déploiement d'un hélicoptère de la Marine Nationale en cas de nécessité
Vous vous êtes fait l’écho en mai dernier de la campagne de sécurité des loisirs nautiques et de plaisance 2024 lancée par la préfecture maritime. C’est important pour vous de soutenir ce travail de prévention ?
Oui car c’est à cette période que l’activité en mer reprend et il est essentiel de rappeler les bons réflexes à avoir pour prévenir les problèmes en mer et y faire face. Je le redis : le premier bon réflexe, c’est de composer le 196 depuis son téléphone portable ou le canal 16 depuis sa radio VHF. Puis il faut savoir durer en cas de pépin dans un environnement, la mer, qui peut être hostile. La Méditerranée n’est pas un lac. C’est une mer qui peut être dangereuse et les interventions peuvent prendre un certain temps selon où l’on est situé.
© Aymeric le Masne de Chermont, directeur du CROSSMED et administrateur des affaires maritimes - (photo G.A.)
Vacances peut rimer avec inconscience ?
Je dirai insouciance. Parce qu’en Méditerranée il fait chaud, la température de l’eau est agréable. Mais on peut passer rapidement d’une mer d’huile à une mer très agitée avec des phénomènes rapides de renverse vent d’Est – vent d’Ouest qui peuvent surprendre les pratiquants de loisirs nautiques type planche à voile, windsurf, paddle etc… C’est pour cela qu’il est essentiel de bien préparer une sortie en mer. La campagne de sécurité insiste aussi sur tous les outils à disposition des plaisanciers. Des applications sont disponibles sur les smartphones. C’est un travail de pédagogie important.
L’été 2024 s’annonce comment ?
2024 est une année olympique avec une forte affluence attendue de touristes sur notre sol. Nous sommes prêts ! Nous allons avoir à relever le défi des épreuves de voile en rade de Marseille. Mais 8 personnes sont déjà mortes par plongée en Méditerranée depuis le début de l’année (au moment de cette interview le 11 juin 2024, N,D,L,R). C’est déjà plus que sur l’ensemble de l’année 2023. Il y a eu un avant et un après COVID. La période COVID a mis un frein aux accidents de plongée qui, malheureusement, font leurs retours avec ce pic de décès. Il ne faut pas stigmatiser cette activité qui est encadrée de manière très rigoureuse par des professionnels mais il faut rester vigilants et nous le sommes. Ici les clubs varois sont très sensibilisés aux procédures.
©Une cinquantaine d'agents, militaires et civils, sont présents au siège du CROSSMED, à La Garde -2 (photo G.A.)
La diversification des pratiques de mer complique-t-elle votre tâche ?
Il y a effectivement chaque année une nouvelle discipline de loisir nautique. J’ai connu l’explosion de Kite surf avec beaucoup de blessés et des décès. Nous avions mis en place un travail de coopération avec la Fédération Française de Vol Libre pour avancer là-dessus. Ces dernières années on voit arriver le foil avec le wingfoil et le windfoil (disciplines qui permettent de voler au-dessus de l’eau grâce à une planche et une aile). Il faudra que nous soyons vigilants sur ces disciplines comme sur les autres. Nous sommes en lien étroit avec les clubs et les sociétés de location de matériel pour améliorer la sécurité des pratiquants.
À retenir.
Pour joindre le CROSS MED en cas de problème en mer : composez le 196 depuis votre téléphone portable ou connectez-vous au canal 16 via votre radio VHF.
Le CROSSMED, c’est 5000 évènements traités par an sur 115 000 km2 de surface maritime. Près de 70 agents militaires et civils répartis entre deux sites : La Garde et Ajaccio.
Une deuxième salle opérationnelle en construction.
Les locaux principaux du CROSS MED, situés chemin du Fort sainte Marguerite, à La Garde, vont bientôt s’agrandir avec la construction d’une deuxième salle opérationnelle qui servira en cas d’évènement majeur pour assurer les opérations dites courantes sur le reste de la zone. Elle servira également de simulateur et de salle d’entraînement pour les équipes. Elle devrait être opérationnelle au 1er mai 2025.