L’instabilité des règles et des normes complique la situation


30 mars 2025

Dans un contexte économique très défavorable, notamment dans le secteur du Bâtiment, Thierry Bion, le président de la CAPEB 83, la Confédération de l’Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment, voit d’un très mauvais œil le coup porté par le gouvernement à la filière photovoltaïque pourtant en pleine croissance. Une difficulté qui vient s’ajouter à une autre.

 

Thierry Bion, quelle est votre analyse de la situation concernant le solaire ?

C'est très compliqué pour ces entreprises qui font du photovoltaïque, pour certaines en très grande difficulté. En février, il y a eu quelques acteurs en haut lieu, qui se sont positionnés sur ce sujet-là et qui ont décidé, sans intégrer les confédérations professionnelles pour pouvoir en discuter, de changer le logiciel. Je pense que c’est un lobbying d’EDF qui va faire baisser le prix de rachat du photovoltaïque vis-à-vis des particuliers. Il est clair que les clients seront plus enclins à attendre le mois d’octobre pour avoir une TVA minorée à 5.5%, mais simplement, toutes ces entreprises doivent travailler ! Il faut qu'elles aient des chantiers. De plus en plus, leurs dirigeants viennent nous voir pour savoir comment licencier. C'est une situation de stand-by qui n’est plus tenable.

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Existe-il un plan de soutien pour ces entreprises photovoltaïques ?

La CAPEB nationale a fait un courrier avec COEDIS*, distributeur électrique et photovoltaïque. Nous avons associé nos actions pour expliquer la situation au gouvernement, une situation qui devient dramatique pour nos installateurs et pour nos professionnels, et pour leur demander de nous intégrer dans leur réflexion.

 

Autre secteur en crise, le Bâtiment… comment surmonter les difficultés actuelles et préparer l’avenir ?

Les entreprises artisanales du bâtiment sont confrontées à deux choses. Depuis la dissolution du gouvernement, les dispositions changent du jour au lendemain et les normes changent tout le temps. Cela complique notre discours vis-à -vis de nos clients, pour leur expliquer qu'il faut faire des rénovations et leur faire comprendre tout ce que l’on peut leur apporter.

 

Mais, comment les artisans peuvent-ils s'adapter à la hausse des prix des matériaux et à l'inflation ?

Bien sûr, ça impacte énormément nos chantiers, et ces hausses ne peuvent pas être répercutées, les artisans préfèrent rogner les marges. 

 

La  pénurie de main-d'œuvre qualifiée est aussi un sujet récurrent ?

Oui, on manque vraiment de personnel formé. Nous avons notre centre de formation pour former nos professionnels de demain, mais malheureusement, à l'heure actuelle, c'est très compliqué car nos métiers évoluent sans cesse. Nous avons décidé de mettre en place des dispositifs avec nos partenaires, comme France Travail et d’autres institutions, pour justement, essayer de faire évoluer les choses. 

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En tant qu’acteur majeur de la représentation des entreprises artisanales, quel message adressez-vous aux pouvoirs publics ? 

C'est toujours les normes qui nous affaiblissent, elles sont trop contraignantes. Les charges sociales, le prix des matériaux qui augmente, le manque de main-d'œuvre, et nos marges de plus en plus faibles, c’est une situation qui s’est dégradée alors que dans notre secteur, le particulier a besoin de réponses concrètes avant d’effectuer des travaux. Donc en l’absence de réponse sur les réglementations, les travaux ne se font pas. 

 

       COEDIS : Fédération des Distributeurs d'Équipements et Solutions Électriques, Génie climatique, Plomberie et Sanitaires