L'Économe : Transformer pour ne plus gaspiller.


30 mars 2025

À bord de leur camionnette, elles sillonnent les routes du département pour sauver les fruits et légumes. Parmi ces varoises qui ont choisi de mener ce combat contre le gaspillage alimentaire, Julie Hermet. L'idée de créer une conserverie mobile a germé dans sa tête il y a 8 ans, pour transformer les produits invendus ou hors-calibre en confitures et autres tartinades.

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Julie Hermet, comment vous est venue cette idée ?

Tout cela est né d'une rencontre avec des producteurs de fruits et légumes sur le marché de Hyères. Ils avaient beaucoup d'invendus, des surplus de production en fin de marché alors que ces produits étaient encore consommables. L'idée de créer une association est née en 2017, au départ pour collecter ces produits et les distribuer aux associations caritatives. Puis nous avons développé des actions de sensibilisation auprès du grand public en montrant comment valoriser les fruits en smoothies grâce à la smoocyclette ! Pédaler pour activer un mixeur ! Au final, nous avons débuté la transformation d'une partie des fruits collectés en confitures avec le soutien de restaurateurs et créé une conserverie mobile afin de transformer les produits en conserves salées au nom des producteurs et directement sur leur exploitation.

 

La conserverie fonctionne depuis quand ?

Elle a été fonctionnelle en juin 2021. En moyenne, sur les 7 à 10 tonnes de fruits et légumes collectés par an, environ 3 tonnes sont transformées en conserves. Une vingtaine de producteurs varois bénéficient des services de la conserverie. Nous nous déplaçons directement chez les agriculteurs locaux qui ont des produits hors-calibre, déclassés ou invendus, pour les transformer en conserves, confitures et tartinables. Une partie de ces produits est donnée aux associations pour être redistribuée aux personnes en précarité alimentaire.

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Photo : Julie Hermet, toulonnaise et belgentieroise, licence AES, Master Economie Sociale et Solidaire à Toulouse et cofondatrice de l’association L'Econome.

Quel bilan tirez-vous ?

 

En chiffres, depuis 2017, nous avons sauvé 24 tonnes de fruits et légumes, plus de 15 tonnes ont été distribuées aux associations caritatives, Nous avons fabriqué près de 20.000 bocaux dans notre conserverie mobile et environ 50.000 personnes ont été sensibilisées lors de nos animations anti-gaspi. Sans oublier que nous avons créé 3 emplois et que nous avons débuté un projet de cueillettes solidaires avec les bénévoles et les bénéficiaires des associations caritatives, pour ramasser directement dans les champs des producteurs, les surproductions de fin de culture qui seraient vouées au broyage.

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Ceuillettes solidaires

Les mentalités ont-elles changé sur la question du gaspillage alimentaire ?

 

Oui, nous avons remarqué une évolution des mentalités au fil des années, notamment de la part des nouvelles générations qui sont de plus en plus sensibles aux questions environnementales. Même chose pour les  producteurs, de plus en plus nombreux à s'engager pour la valorisation de leur surproduction que ce soit par le don aux associations caritatives ou par la transformation des fruits et légumes en conserve. Certains ont créé leur petit laboratoire de transformation. On progresse sur l'étude logistique de l'acheminement de fruits et légumes, les plateformes de vente et de mise en relation directe entre producteurs et restaurateurs, sur la valorisation des biodéchets, les régies municipales s'engagent pour l'approvisionnement des cantines... Je constate une prise de conscience générale sur le gaspillage alimentaire et la notion de circuits courts. Mais il est clair que pour répondre à la hauteur des enjeux, de plus amples soutiens seraient nécessaires pour favoriser une duplication de nos activités sur d'autres secteurs.

 

Chaque semaine, en fonction des quantités collectées, l'Econome alimente jusqu'à 9 associations :

la Banque alimentaire du Var, le Secours populaire de Solliès-Pont, la Fourmi'Hyères, le Centre social Passerelle du Val d'Issole, le Secours catholique de Toulon et de Solliès-Pont, les Restos du coeur à La Garde, la Solidarité Saint-François et Les amis de Jericho. L’association propose aussi des animations en milieu scolaire avec des ateliers de transformation pour les enfants.

https://leconome.org/