
18 janvier 2023
L’agriculture varoise est-elle en mesure de nourrir tous les Varois ? Aujourd’hui, la réponse est non, mais demain, pourquoi pas. Comment y parvenir ? En menant à bien le Plan de Reconquête Agricole porté par la préfecture du Var et la chambre d'agriculture du Var dont l’objectif est de reconquérir, à l’horizon 2030, 10.000 hectares de terres agricoles sur les 120.000 hectares perdus depuis 1960.
Avec seulement 12 % de surface agricole utile, le Var est aujourd’hui le département de la région PACA où les surfaces agricoles sont proportionnellement les plus faibles. La faute à une urbanisation grandissante et à des milieux naturels (60 % de forêt) fortement étendus.
Permettre plus d’installations d’agriculteurs
Pourtant, la demande est là. Chaque année, la Chambre d’Agriculture reçoit 300 à 350 propositions d’installations dont seulement la moitié est satisfaite.
« Le phénomène s’est amplifié pendant la crise sanitaire avec des projets de reconversion professionnelle mais, soit il n’y a pas de foncier disponible, soit les propriétaires ne souhaitent ni vendre ni louer leurs terrains, soit les prix sont trop élevés », constate Stéphanie Vinçon, cheffe de projet Développement Territorial à la Chambre d’Agriculture du Var.
Le Plan de Reconquête Agricole est là pour redonner du souffle et de l’espace à l’agriculture varoise. « Avec l’aide de la Safer, nous entrons actuellement en contact avec les propriétaires pour savoir s’ils sont favorables à une mise à disposition de leur foncier, qu’il s’agisse de friches, d’espaces boisés à potentiel agricole ou de zones capables d’accueillir des pare-feux agricoles, » poursuit la cheffe de projet. « En décembre dernier, nous avions déjà identifié 1000 propriétaires pour 1200 hectares de friches et 3200 propriétaires de 6500 hectares d’espaces boisés. Des chiffres provisoires car tous n’ont pas encore été recensés. »
Convaincre les propriétaires
Si le Plan de Reconquête Agricole se développe dans une phase amiable dont le but est de convaincre les propriétaires, on peut également s’assurer de la bonne utilisation du foncier grâce à la Zone Agricole Protégée. Actuellement, 37 projets de ZAP ont été lancés par autant de communes varoises. « La ZAP est un outil indépendant du Plan de Reconquête Agricole, même si les deux dispositifs vont dans le même sens », indique Stéphanie Vinçon. « Tout terrain agricole enregistré dans une ZAP le restera de nombreuses années et, de fait, ne pourra plus être l’objet de spéculation. Ce dispositif peut également faire évoluer les mentalités des propriétaires. Plutôt que de garder un terrain en friches pendant 10, 20 ou 30 ans, certains propriétaires se décideront peut-être à le mettre à disposition d’un agriculteur ou à le mettre en vente. La ZAP envoie un message beaucoup plus fort aux propriétaires. »
Un travail de longue haleine qui se matérialise également avec les Projets Alimentaires Territoriaux qui se multiplient à l’initiative des collectivités varoises. Destinés à favoriser les circuits courts et l’autonomie alimentaire des territoires, ces PAT ont tout lieu de réjouir les initiateurs du Plan de Reconquête Agricole puisqu’ils permettent, eux aussi, de dynamiser l’agriculture, mobiliser des friches et mettre en place des productions agricoles.