Cancer du sein : La médecine et la prise en charge progressent

Comme chaque année, Octobre rose va proposer de nombreuses manifestations tout ce mois-ci, pour soutenir la lutte contre le cancer du sein. L’an dernier plus de 60 000 nouveaux cas ont été diagnostiqués en France mais il faut savoir que le tiers de ces cancers pourrait être évité. Dans le Var, les spécialistes sont en première ligne pour améliorer le dépistage, proposer des traitements de plus en plus ciblés et accompagner les femmes tout au long de leur parcours de soins. Rencontre avec le docteur Françoise PAPPO, oncologue au Centre Hospitalier Intercommunal Brignoles-Le Luc. Elle nous éclaire sur l’évolution de la maladie, les avancées thérapeutiques et l’importance du suivi.

Sur l’évolution de la maladie

Comment a évolué la prise en charge du cancer du sein au cours des dernières années ?

La prise en charge des patientes est de mieux en mieux structurée grâce à la coordination multidisciplinaire (RCP…) mais il y a aussi eu un gros effort de fait (là aussi de façon multidisciplinaire) sur la qualité de vie, les soins de support, le suivi à long terme des séquelles ( fatigue, douleurs, vie sexuelle, soutien psychologique, etc…)

Quels sont aujourd’hui les principaux facteurs de risque et leur évolution dans la population féminine ?

A la différence de certains autres cancers favorisés par le tabac, l’alcool, ou autre, le principal facteur de risque du cancer du sein serait… d’en négliger ou d’en banaliser le risque ! Le cancer du sein peut concerner tout le monde, femme et homme, jeune ou vieux, avec un risque accru bien sûr en cas d’antécédent familial.

Le dépistage reste essentiel : quels progrès ont été faits dans ce domaine ?

Le premier progrès dans le domaine du dépistage c’est l’information. On ne fait pas de dépistage si on ne comprend pas pourquoi le faire. Les médias ont donc un rôle essentiel pour relayer des informations fiables. Il y a également des progrès notables dans les techniques radiologiques, avec des machines à la fois plus précises, délivrant moins de rayonnement et des examens beaucoup moins (voire pas du tout) douloureux pour les patientes.

Sur les traitements et thérapies

Quelles sont les avancées récentes les plus significatives en matière de thérapies contre le cancer du sein ? 

Ces dernières années, les traitements du cancer du sein se sont enrichis de nombreuses nouvelles molécules, ce qui les rend à la fois plus efficaces mais parfois aussi avec des effets secondaires nouveaux à gérer. La stratégie thérapeutique globale devient un « parcours de soin » presque propre à chaque patient(e) en fonction de données anatomo-pathologiques et immunologiques de plus en plus précises.

Sur l’accompagnement et le suivi

Une fois le traitement terminé, quel type de suivi est mis en place pour les patientes ?

La surveillance après traitement du cancer du sein est actuellement très standardisée avec un examen clinique régulier tous les trois mois, une mammographie annuelle et des examens complémentaires au moindre signe d’appel bien sûr. Mais cette surveillance de la pathologie s’est également enrichie d’un suivi des effets secondaires à moyen et long terme, ainsi que de consultations spécialisées (kiné, diététique, psychologique) d’accès gratuit, ainsi que d’une offre en Soins de support (ApA, Addictologie, Socio-esthétique, etc…)

Sur la prévention et la sensibilisation

Quels messages souhaitez-vous faire passer aux lectrices et lecteurs de Var Infos concernant la prévention et le dépistage ?

Rappeler que le dépistage concerne toutes les femmes dès 30 ans (parfois plus tôt selon les facteurs de risque) et commence par l’autopalpation, mais qu’il peut également concerner les hommes qui ne doivent pas tarder à consulter s’il découvre une anomalie (asymétrie par exemple). Votre médecin traitant est et reste votre premier interlocuteur, n’hésitez pas à le consulter… Et, dans la majorité des cas, il pourra vous rassurer. Pas de stress inutile mais une vigilance indispensable.

Octobre Rose contribue beaucoup à la sensibilisation. Quel impact constatez-vous sur le terrain ?

On constate que les femmes sont de plus en plus conscientes de la nécessité du dépistage… Et qu’on peut ainsi traiter de plus en plus souvent des tumeurs de petite taille, avec tellement moins d’effets secondaires !