“Nous avons effacé au plus vite les cicatrices de la catastrophe !”

La saison estivale est bel et bien lancée au Lavandou, victime d’inondations meurtrières le 20 mai dernier. Rapidité d’intervention et solidarité ont permis à la commune d’être prête pour accueillir les touristes. Gil Bernardi, le maire, s’en réjouit tout en saluant le courage et la capacité de résilience des habitants sinistrés.

 

Gil Bernardi, l’arrivée de l’été a-t-elle évacué le drame que le Lavandou a subi ?

Évidemment que non… cette catastrophe naturelle a endeuillé notre commune, sinistré quelque 150 résidents et détruit de nombreux équipements : littoral saccagé, logements ravagés, commerces emplis de boue… Bien qu’un travail colossal ait été réalisé, nous sommes toujours sur le terrain pour reconstruire.  J’étais au cœur du cataclysme lorsque, sous la poussée de la déferlante de boue, tout s’est effondré : poteaux électriques, berges, murs, passerelle cyclable, dalle de béton. Ça secoue. On ne sort pas indemne d’une telle épreuve.

Les Lavandourains sont-ils encore marqués ?

Selon les différents retours que je recueille quotidiennement mais surtout au regard des avancées spectaculaires chez les privés et les commerçants de Cavalière, je trouve les lavandourains plutôt courageux et optimistes. Chacune et chacun d’eux se retrousse les manches pour relever un défi qui paraissait inatteignable il y a un mois. Leur comportement me semble être la définition même de la résilience. Chapeau bas…pas question de relâcher son engagement, lorsque l’on reçoit de telles leçons de courage.

 

Comment vit-on une telle épreuve en tant que maire ?

C’est une épreuve qui nécessite un engagement total, une ardeur et une détermination pour accompagner au mieux la population. Pour redonner vie, très rapidement, à un quartier de notre commune totalement dévasté. Cet engagement, accompagné de celui de centaines de personnes à mes côtés depuis le 20 mai (Ministres, Préfets, services de l’État, maires des communes voisines et amies, employés communaux du Lavandou mais pas que… entreprises privées, associations, particuliers…) permet d’affronter cette crise avec le sentiment de faire tout ce qu’il est possible. C'est exceptionnel de sentir une telle union et ça permet d'obtenir des résultats incroyables pour gommer les stigmates, effacer au plus vite les cicatrices de cette catastrophe.

 

Gil Bernardi aux côtés de Juliette Méadel, ministre de la Ville, du préfet et des sénateurs du Var au Lavandou (23 mai 2025).©villedulavandou

La solidarité vous a-t-elle surpris ? 

Très honnêtement, oui. Nous savons que la solidarité se manifeste toujours dans des situations d’urgence mais là, c’était une autre dimension. Des gens sont venus des quatre coins du département, spontanément, avec une paire de bottes et des gants, pour aider les sinistrés. Cet élan a été remarquable et même si je l’ai fait à maintes reprises, je tiens à nouveau à leur exprimer toute ma gratitude.

 

Les infrastructures détruites sont-elles aujourd’hui fonctionnelles ?

Fin juillet, la station d’épuration de Cavalière sera opérationnelle à 100% et l’émissaire, détruit sur 100 mètres linéaires, a été définitivement restauré début juin. Sur les réseaux d’eau potable, les travaux se poursuivent mais six jours seulement après la catastrophe, l’eau potable était accessible partout. Sur les routes, les réseaux électriques et la téléphonie, nous avons fait le plus gros et programmé d’importants investissements avant la fin de l’année. Sur le littoral, l’arrière-plage, très sinistrée, est aujourd’hui en « parfait état », et le poste de secours a été réinstallé à sa place d’origine. Bref, l’essentiel des équipements indispensables pour la vie quotidienne et la saison balnéaire sont prêts, mais nous devrons continuer les opérations au fil des mois.

Gil Bernardi aux côtés du nouveau préfet, Simon Babre, du sous-préfet Kévin Mazoyer, de François de Canson, président de la CCMPM, lors d'une visite de suivi à Cavalière, le 7 juin 2025 ©villedulavandou 

Reste-il des préoccupations ?

Aujourd’hui, elles portent sur le pont départemental à l’entrée de Cavalière, très fragilisé, et sur l’enlèvement de la dalle de parking privée effondrée. Dans l’attente des travaux conduits par le Département sur le pont, dont les délais annoncés ne peuvent répondre aux impératifs de la saison, nous avons créé une piste de déviation ouverte à la circulation le 20 juin. Cet itinéraire secondaire garantira la desserte des quartiers Est du Lavandou mais aussi du golfe de Saint-Tropez. De l’axe stratégique que constitue la route départementale 559 en période estivale dépend l’économie d’une grande partie du Golfe et aussi la desserte pour les livraisons et par les transports en commun.

 

Ce drame aurait-il pu être évité ?

Comment éviter 256 mm de pluie et des torrents de boue ? Du jamais vu en France selon les mesures des prévisionnistes… Et surtout, un déluge sur deux kilomètres, alors que juste à côté, au Rayol-Canadel, il n’a plu que 47 mm en 3 heures. Personne n’a envisagé cette catastrophe naturelle mais nous faisons face, et grâce au travail colossal accompli, nous abordons la saison avec confiance. Comme chacun peut le voir dans les journaux TV et sur les réseaux de la Ville, on se sent bien à Cavalière.

 

Y aura-t-il des incidences sur la fréquentation touristique ? 

Depuis le week-end de la Pentecôte, la saison est lancée à Cavalière comme ailleurs au Lavandou. Les visiteurs sont là, nombreux, heureux de retrouver leur lieu de vacances. De 6 400 habitants l’hiver, nous passons habituellement à plus de 80 000 l’été, avec des pics de fréquentation à 120 000 début août. En 2024, l’Office de tourisme a compté 4 millions de nuitées touristiques et depuis le début de l’année 2025, nous enregistrons 8% de hausse de la fréquentation. La saison sera bonne.

 

Gil Bernardi entouré de M. Simon Babre, préfet du Var, François de Canson, Vice-président de la Région Sud-PACA et Christian Simon Conseiller départemental lors de l'inauguration de la voie de déviation du pont départemental à Cavalière (24 juin 2025).©villedulavandou 

Pour vous, cet été 2025 sera placé sous quel signe, s'il y en a un, bien sûr ?

Du soleil qui réchauffe les cœurs, et sèche les larmes. Nous laisserons derrière nous cette terrible matinée du 20 mai. Mais il nous faudra du temps pour bien comprendre que le réchauffement climatique nous impose désormais de vivre près d’un monstre assoupi.