Diversifier pour mieux durer : le Var agricole trace sa voie vers l’avenir

À l’occasion du Forum de la diversification agricole organisé à Brignoles le 14 octobre dernier, la Chambre d’Agriculture du Var a réuni 24 acteurs clés du secteur et 14 agriculteurs venus partager leurs expériences. Un rendez-vous placé sous le signe de l’innovation et du pragmatisme, pour accompagner les exploitants vers de nouveaux modèles plus durables et rémunérateurs. Entretien avec Sylvain Audemard, président de la Chambre d’Agriculture du Var, convaincu que la diversification est l’un des leviers essentiels pour bâtir l’agriculture de demain.

Sylvain Audemard, président de la Chambre d’Agriculture du Var - ©cav

Face aux défis climatiques, économiques et sociétaux, les exploitants agricoles varois cherchent à réinventer leurs pratiques et leurs débouchés. Le Forum de la diversification, tenu à Brignoles, a offert un cadre concret d’échanges et d’opportunités pour celles et ceux qui veulent faire évoluer leurs productions ou explorer de nouvelles filières : agro-tourisme, circuits courts, plantes aromatiques, énergie ou encore produits transformés.
Rencontre avec Sylvain Audemard, président de la Chambre d’Agriculture du Var, qui revient sur les enjeux de ce rendez-vous et sur la volonté collective de bâtir une diversification ambitieuse, réaliste et surtout rémunératrice pour les agriculteurs du territoire.

 

Quelle est la philosophie derrière ce Forum de la diversification agricole organisé à Brignoles ?

« On s'aperçoit que de plus en plus, on a une reconnaissance des aléas climatiques et on a l'air des aléas économiques aussi en même temps. Du coup, ça met à mal nos exploitations, surtout quand on fait en monoculture. L'esprit, c'est de développer la diversité dans nos exploitations agricoles. En plus, en ce moment, la volonté, c'est d'aller sur les cultures vivrières et alimentaires. Donc du coup, dans le même temps, on veut développer ces cultures-là »

Comment la Chambre d’Agriculture du Var accompagne-t-elle concrètement les exploitants dans cette démarche de diversification ?

« Dans cette démarche, la Chambre d’Agriculture est moteur, puisque c'est la première instance qu'on va avoir si on veut se diversifier, pour savoir sur quelle filière, quel modèle on veut faire, sur quel mode de commercialisation, et après, on voit ce qu'on peut faire entre nous pour avancer. On sent des agriculteurs mobilisés, en tout cas sensibles. »

 

Quel premier bilan tirez-vous de cette édition 2025 du forum ?

« Le bilan est très positif. Les agriculteurs sont venus nombreux, ils ont posé des questions, cherché des informations… Cela montre qu’il y a une vraie demande de diversification. Beaucoup rencontrent aujourd’hui des difficultés de revenus, avec des marges en baisse, et ressentent le besoin d’explorer de nouvelles voies pour sécuriser leur activité. 

Nous travaillons aussi à développer l’agritourisme, qui représente une belle opportunité pour valoriser nos exploitations autrement. Un comité de pilotage est en cours de création avec l’agence de développement touristique du département – ainsi qu’avec les Vins de Provence, les Vins de Bandol et la Chambre d’agriculture du Var. L’objectif : favoriser des synergies entre agriculture et tourisme, dans le premier département touristique de France. »

Comment voyez-vous évoluer le paysage agricole varois dans les dix prochaines années ?

« Aujourd’hui, seules 10 % des terres du Var sont encore agricoles. La priorité absolue, c’est de préserver ce foncier, tout en développant l’irrigation sur l’ensemble du territoire. Le Var reste le grand oublié de la région sur ce sujet : trop peu de zones bénéficient encore du réseau du Canal de Provence. Avec la Région, le Département et le Canal de Provence, notre ambition est claire : étendre ces infrastructures pour garantir l’avenir de nos cultures.
Parallèlement, un autre enjeu majeur nous attend : le renouvellement des générations. Près de la moitié des agriculteurs varois partiront à la retraite d’ici dix ans. Il faut donc travailler main dans la main avec les lycées agricoles pour accompagner et installer de nouveaux exploitants, et ainsi assurer la relève de notre agriculture. »