A la tête de la chambre d’agriculture du Var après le décès de la présidente Fabienne Joly, Sylvain Audemard rempile pour un nouveau mandat de 6 ans. Sa liste FDSEA-JA est arrivée en tête à l’issue des élections en Janvier dernier. Le président fait de la reconquête des terres agricoles l’une de ses priorités.
Sylvain Audemard, d’abord votre réaction à cette élection ?
J'en suis très heureux. C'est en effet ma première élection et je souhaite continuer le travail initié par Fabienne Joly, poursuivre sur la même dynamique avec des jeunes qui sont derrière nous.
Pour ceux qui ne vous connaîtraient pas, vous êtes viticulteur installé à Besse-sur-Issole depuis 26 ans…
Oui, j’ai repris l’exploitation de mes parents en 1999 après le départ à la retraite de mon père. L’activité de viticulteur me convenait à merveille car j’adore la ruralité, le terroir et la nature.
Vous êtes président de la chambre, cela signifie-t-il que vous êtes un homme de pouvoir ?
Moi je suis avant tout un homme de terrain et un homme de dossier.
Justement parmi les axes forts de votre mandat, il y a la création d'un pôle recherche et d'expertise viticole et le plan de reconquête agricole…
Pour le pôle, on a trouvé le terrain à Vidauban et déposé le permis de construire. Ce projet permettra de réunir un centre du rosé modernisé et l'antenne viticole de la Chambre d'Agriculture pour ses compétences techniques. Concernant la reconquête agricole, nous souhaitons conserver les terres existantes et récupérer les friches agricoles voire d’autres terrains. Nous avons commencé à faire un état des lieux mais c'est un travail de long terme qui va se concrétiser sur 10 à 15 ans. Nous voulons également remettre en état les serres en friche qui représentent 140 hectares sur la métropole toulonnaise et dans l’Estérel Côte d’Azur.
Vous prônez aussi une diversification agricole…
Oui et on peut diversifier dans une même filière. Dans la vigne, par exemple, on peut changer de cépage pour être plus résilient par rapport au changement climatique. On peut aussi y ajouter un peu de maraîchage, de l’arboriculture, des agrumes, des avocats, des pistaches, des grenades… L’objectif est d’assurer des revenus aux agriculteurs. L'agritourisme est également une belle piste. Un comité de pilotage a été mis en place et des propositions ont d’ores et déjà été envoyées au ministère de l'Agriculture, de l'Environnement et du Tourisme.
Vous collaborez avec le préfet pour simplifier les démarches administratives mais la colère des agriculteurs est-elle retombée ?
La colère des agriculteurs est encore entière. Depuis un an et demi, rien n’a avancé ou presque ! Le contexte est certes compliqué avec le changement de gouvernement mais on espère que les choses vont évoluer. Depuis 20 ans, le monde agricole n'a jamais très été écouté et on ne veut pas avancer sur les dossiers, question de posture ou de dogmatisme. Il est temps que nos politiques agissent et vite pour sauver notre activité. De notre côté, avec la préfecture, plusieurs mesures ont été définies mais de nombreuses lois dépendent de Paris.
La Chambre d'Agriculture du Var au SIA 2025 à Paris
Les nouvelles données climatiques représentent-elles un vrai défi ?
C'est un enjeu majeur pour les années à venir. La sécurisation des ressources est indispensable, notamment de l’eau. Un projet est déjà en cours avec le département, la Région, la Société Canal de Provence et les viticulteurs pour une irrigation multi-usage. 500 millions d'euros ont été budgétisés et le gros des travaux va commencer d'ici à la fin de l'année.