Patrick Chatrieux, quel regard portez-vous sur cette rentrée ?

Un regard à la fois inquiétant et confiant. Inquiétant, parce que nous traversons une période difficile pour notre pays et plus particulièrement dans le domaine de la mobilité. Même si la presse évoque une croissance du marché, cette hausse des immatriculations n’est que la conséquence du retard des livraisons que nous avons subi à cause de la pénurie des semi-conducteurs, la guerre en Ukraine, l'augmentation des matières premières, l'inflation, etc… Pour nous, professionnels de l’automobile, l'année de référence est 2019 et depuis cette date, nous avons perdu entre 20 et 30% de volumes en fonction des régions.

Pourtant vous dites que vous êtes confiant…

Oui car le dernier quadrimestre de l'année est souvent une période de meilleurs résultats, en volumes et en rentabilité. J'espère que ce sera encore le cas cette année.

La sécheresse, l’augmentation du prix de l’électricité… ce contexte a-t-il des répercussions sur l’activité ?

Par exemple, la crise de l'eau met en difficulté les stations de lavage qui, aujourd'hui, pour un grand nombre, ne peuvent plus utiliser leur outil de travail. Je pense qu'il faudrait accompagner nos professionnels afin qu'ils puissent investir dans des stations plus modernes avec un recyclage de l'eau. Ce serait une action plus vertueuse que de laisser les français laver leur voiture chez eux, en consommant bien plus d'eau et en polluant les sols. Hormis le surcoût du prix de l'électricité que toutes les entreprises subissent et qui pèse sur le résultat financier, l'activité “après-vente” est plutôt bonne. Le client final ne sachant pas quelle voiture acheter, thermique, hybride, hybride rechargeable ou  électrique, hésite à changer de véhicule. En conséquence, le parc automobile vieillit et la clientèle fréquente davantage nos ateliers pour en assurer l'entretien. 

Le boom des véhicules électriques persiste-t-il dans le Var ? Et nos concessionnaires sont-ils suffisamment réactifs face à ce marché ?

Aujourd'hui les véhicules électriques représentent 15% des ventes de véhicules neufs. Nous sommes dans une période de profonde mutation et notre réseau de distribution, forcément réactif, subit, comme les constructeurs, la marche forcée imposée par l'Europe avec la fin du véhicule thermique en 2035. C’est lourd de conséquence car c’est toute la filière européenne qui risque de perdre son leadership sur le véhicule thermique, ce qui permettra automatiquement aux marques chinoises de se jeter dans la brèche. 

Quels messages souhaitez-vous porter au sein de votre filière ?

Notre filière a déjà vécu des périodes difficiles et compliquées. Je suis convaincu que les 21 métiers que nous représentons sauront se réinventer pour affronter les différents enjeux qui nous attendent dans les prochaines années. Le rétrofit, autrement dit la transformation d’un moteur thermique en électrique, en est un exemple. Nous sommes là pour les conseiller et les accompagner.

Malgré tout, la rentrée est-elle attractive pour les concessionnaires ?

Comme je l'ai dit précédemment, le dernier quadrimestre de l'année est toujours porteur de commandes dont nous manquons aujourd'hui. Malgré le coût de la matière première, l'inflation et la stratégie de certains constructeurs, je suis convaincu que la vente en 100% digital est marginale et que notre réseau de distribution est essentiel, à la fois pour assurer le service et les conseils que nous devons à nos clients.

MOBILIANS est une organisation patronale qui défend les intérêts des entreprises de la distribution et des services de l’automobile en France : commerce de véhicules, distribution de carburants et de nouvelles énergies, réparation, recyclage et toutes les offres de services aux automobiles. Ses missions consistent à défendre les intérêts de la profession, fournir des services aux entreprises et mener une prospective sur les métiers.

CHIFFRES EN PACA 

·     3 051 421 véhicules particuliers

·     476 661 véhicules légers

·     40968 poids lourds

·     439 680 véhicules d’occasions vendus en 2022

·     17,1% des véhicules légers immatriculés en 2022 sont électriques