Liberté, on détruit ton nom !

A l'initiative du Club de la Presse 83, journalistes, élus et personnalités se sont réunis le 7 Janvier dernier devant le théâtre Liberté à Toulon pour rendre hommage, 10 ans après, aux victimes de l'attentat de Charlie Hebdo.

On est Charlie, toujours Charlie, et surtout, Charlie pour la vie !  Le message est celui de la fermeté pour ne pas laisser éteindre petit à petit nos libertés. D'ailleurs, entre un coup de crayon à la satire même outrancière et des dictatures soit pernicieuses, soit barbares, a-t’on vraiment le choix ? Jamais les médias traditionnels n’ont été aussi caricaturés sur les réseaux, traités comme des vestales imprimant la doxa des pouvoirs en place, gonflant les poches des actionnaires et creusant le fossé entre le journalisme de protocole et le journalisme d’investigation. Pour eux sonne le glas.
Pour leur part, les médias alternatifs vivent à la vitesse des nouvelles technos, à l’heure des fake news souvent manipulées ou téléguidées, à l’arrivée encore feutrée, en mode labo, de l’IA. Les sites, les réseaux, les blogs sont devenus des médias d’infos, d’influence ou de propagande. Aujourd’hui, il faut faire du buzz et vendre du clic. Mais quelques médias du net ont déverrouillé l’information et mis fin à l’omerta, résultat des cultures clientélistes et mafieuses, si prégnantes dans notre région.
La liberté d’expression est le pilier de la démocratie, le rempart de toutes les libertés. Elle a un cadre légal, déontologique, mais elle est aujourd'hui attaquée, menacée par des petits potentats locaux ou élus de grand chemin qui en ont une lecture à géométrie variable, sourds qu’ils sont devenus aux mots de Beaumarchais: « Sans la liberté de blâmer, il n’y a pas d’éloge flatteur ».
Menacée par le tandem Trump-Musk et son nouvel ordre-désordre mondial. Attaquée par les extrémistes, complotistes et terroristes, individus ou états, qui au nom d’une religion qu’ils déforment, sèment la barbarie. Ils ont tué à Charlie, ils étouffent les Afghanes, ils enchaînent les Iraniennes et veulent nous faire taire.
Alors a-on vraiment le choix ? En cette journée, vous avez senti la mobilisation de la presse nationale autour de cet anniversaire... oui... bah oui... on sent bien qu'il y a moins de mouvement, moins d'émotion, c'est moins bouleversant mais la colère doit être toujours là et puis, surtout, tenir et résister.


Dominique Dabin - président d'Honneur du Club de la Presse 83