Président de Riviera Yachting Network, un réseau d’entreprises dont le siège est à La Seyne-sur-Mer, axé sur les métiers de la maintenance, la réparation et l’aménagement des bateaux de plus de 24 mètres, Laurent Falaize nous éclaire sur l’activité de grande plaisance en Méditerranée et sur le développement de la filière au sein de la métropole TPM.
Qu’est-ce que l’on appelle communément le yachting et quel est le rôle de Riviera Yachting Network dans ce secteur d’activités ?
Le yachting englobe toute l’activité qui se crée autour des bateaux de grande plaisance qui font plus de 24 mètres. Ce secteur est une niche mais il a de très grandes répercussions économiques sur les zones où il se pratique. C’est un marché qui s’est structuré en 20 ans, et sur les 400 entreprises du secteur de la grande plaisance en Région Sud, Riviera Yachting Network en fédère plus de 120. Ces entreprises vivent du yachting et le développent en assurant des missions de maintenance, de réparation, d’aménagement, de gestion et d’accueil sur les chantiers qui vont de Marseille à Menton avec des pôles d’excellence à La Ciotat, La Seyne / Saint-Mandrier et Antibes.
La grande plaisance est-elle « hors-sol » et réservée aux ultra riches ou concerne-t-elle une population plus hétérogène ?
C’est toute une chaîne. Un yacht est un hôtel flottant avec des salariés “embarqués”.. Lorsqu’il est au mouillage en fin de saison, il génère de l’emploi sur les chantiers. Nous sommes là pour défendre les emplois avant tout. Il est important que le service proposé, lorsque ces bateaux s’ancrent en Méditerranée, soit à la hauteur des exigences pour qu’ils reviennent ! La priorité est de faire du bon travail sur le territoire pour promouvoir un secteur qui représente 10 000 emplois dans la région et plus d’un milliard de retombées économiques par an. 1600 yachts naviguent en Méditerranée toute l’année et 700 sont réparés dans nos chantiers.
© Laurent Falaize, président fondateur de Riviera Yachting Network, accompagne les entreprises du secteur de la grande plaisance en Méditerranée depuis 20 ans.
« Un yacht au mouillage pendant un an, c’est 1 million d'euros injecté dans l’enceinte portuaire. ».
Quelles sont les problématiques que peut rencontrer la grande plaisance en Méditerranée ?
La grosse question concerne aujourd’hui les mouillages dans un contexte d’obligations environnementales européennes. La mer est notre lieu de travail. Alors nous devons le préserver. Le yachting a été traité de fossoyeur de la posidonie. Je sursaute quand j’entends ça ! La question environnementale est au cœur de nos préoccupations. La Région Sud, sous notre impulsion et soutenue par l’État, a porté les projets de « coffres écologiques ». Ils sont fixés au fond, disposent d’une bouée pour que le bateau s’amarre, en évitant d'abîmer les fonds marins avec son ancre et ses chaînes. 15 mouillages de ce type ont déjà vu le jour dans la région, 77 vont être créés sous 3 ans et 70 vont être installés autour de Pampelonne. Nous travaillons également au développement d’un carburant propre, le HVO comme "Hydrotreated Vegetable Oil” (ou huile végétale hydrotraitée) et à la fabrication de générateurs qui fonctionnent à l’hydrogène pour répondre à la question de la consommation d’électricité sur ces bateaux.
Que préconisez-vous pour développer le yachting sur la métropole TPM ?
La solution que je vois, à terme, est un réaménagement intelligent du port de La Seyne-sur-Mer. Électoralement, ce n’est peut-être pas vendeur, mais en termes d’économie c’est primordial. Nathalie Bicais (maire de la Seyne-sur-mer) sait les retombées économiques que cela génère. 180 yachts viennent chaque année à La Seyne / Saint-Mandrier simplement pour entrer en réparation dans nos chantiers et repartir ! Propriétaires, équipages… il faudrait les retenir grâce à une surface d’accueil conséquente dans un environnement encore plus attrayant ! Nous avons la chance d’accueillir, dans notre région, des événements phares qui attirent beaucoup ce type de clientèle : festival de Cannes, Grand Prix de Monaco… Le Var est placé sur cet itinéraire, alors profitons-en ! À La Seyne, il n’y a que 4 places hors chantiers alors que l’on pourrait envisager un potentiel d’une trentaine de places. En comparaison, Antibes compte 60 places de bateaux de plus de 40 mètres ! N’oublions pas qu’un yacht au mouillage pendant un an, c’est 1 million d'euros injecté dans l’enceinte portuaire. 30 yachts, c’est 30 millions d’euros de plus dans les caisses de la ville ou de la métropole !