La Crau : Alexandra Nicole Glemarec, du design à la chaudronnerie

A 34 ans, la crauroise Alexandra Nicole Glemarec est à la tête de l’entreprise de design « Urban tendance » et de la chaudronnerie SR+, située dans la zone artisanale de La Moutonne. Portrait d’une femme qui donne un supplément d’âme au métal qui passe entre ses mains.

 

Alexandra Nicole Glemarec, comment passe-t-on du design à la chaudronnerie ?

Par la force des choses ! La marque de design que j’avais créée en 2020 a très vite séduit dans la gamme de mobilier urbain que nous proposions et nous avons remporté des marchés. Cela m’a permis d’embaucher et de faire grossir mon activité. Mais j’ai rapidement été confrontée au plagiat de la concurrence, parfois étrangère, ainsi qu’à des déboires financiers liés à des sous-traitants en cessation de paiement. Alors que la marque séduisait, j’ai été contrainte de licencier économiquement mon personnel salarié et de repartir de zéro. Afin de limiter le risque financier, je n’ai pas eu d’autre choix que d’internaliser mon outil de fabrication et j’ai pu racheter la chaudronnerie SR+.

En quoi cela a-t-il changé votre vision du métier ?

Le design et la chaudronnerie sont deux activités connexes. Nous faisons du prototypage, qu’il s’agisse de pièces uniques ou de petites séries. C’est notre créneau et nous le déployons sur tous types de métaux. Nous travaillons sur de beaux projets comme la fabrication d’hydroliennes ou encore des pièces pour l’industrie navale. Cela requiert de sérieuses compétences d’ingénierie et le suivi d’un cahier des charges précis est très contraignant. Nous fournissons aussi des produits plus courants, comme des pergolas, garde-corps, escaliers, des objets décoratifs ou encore des structures paysagères.

Qu’est-ce qui vous séduit le plus dans votre quotidien ?

La création reste mon moteur, mais aujourd’hui, je m’éclate encore plus dans la gestion d’entreprise, c’est-à-dire manager les équipes, gérer les plannings, suivre la fabrication et également la gestion financière. Je retire beaucoup de plaisir à piloter ces deux entreprises. Je me réserve aussi toujours une journée par semaine pour aller voir mes clients, faire les relevés de côtes et les réunions de chantier. Je suis une commerciale dans l’âme, c’est très important pour moi d’être sur le terrain.

Quels sont vos objectifs financiers à moyen terme ?

Actuellement, notre point mort se situe à 760.000 € de chiffre d’affaires annuel. En dessous de ce montant, nous ne pouvons pas maintenir l’équilibre financier. Pour atteindre des marges confortables et assurer la pérennité des deux structures, il serait idéal de viser un chiffre d’un million d’euros. Cela dit, je ne raisonne pas toujours en ces termes. Mon objectif principal est de garantir le financement des projets en cours et des investissements à venir. Générer des bénéfices reste essentiel, non seulement pour assurer une bonne trésorerie et couvrir les salaires, mais aussi pour préparer de nouveaux investissements stratégiques. Sur le plan opérationnel, je souhaite acquérir des machines et outils plus récents afin d’améliorer notre productivité et réduire la pénibilité au travail.

Une femme dans un univers d’hommes, vous sentez-vous à votre place ?

Notre clientèle est en effet surtout celle du BTP qui est un milieu d’hommes. Mais c’est un univers que je connais bien pour y avoir évolué lorsque j’étais commerciale dans le négoce de matériaux. Je me sens bien avec cette clientèle car j’y retrouve des valeurs telles que l’authenticité, le sens du service et la rigueur. Nous avons des ingénieurs face à nous et il nous appartient de leur répondre techniquement. Ce qui me plait dans mon métier, c’est justement d’être challengée sur ces attentes qualitatives, trouver le mouton à cinq pattes et in fine rendre service à nos clients.

Technico-commerciale dans le négoce de matériaux, puis designer de mobilier urbain, Alexandra Nicole Glemarec est désormais à la tête de la chaudronnerie crauroise SR+

Propos Marc Volpin