Fabienne, vous êtes la cinquième génération sur ce domaine que vous avez repris en 1995…

J’étais établie à Carcassonne où j’ai rencontré Pierre, qui était vigneron. Ensemble nous avons décidé de reprendre le domaine de mon père, à l’abandon depuis quinze ans. Ça a été un travail colossal pour défricher, replanter et rénover les bâtiments. Nous avons planté les premiers ceps en 1998, et vendangé la première récolte quatre ans plus tard.

Aujourd’hui, vous vinifiez au domaine, depuis quand ?

Pendant quinze ans, nous avons vinifié en cave coopérative. Dès que nous avons été en capacité d’investir, nous avons construit la cave au domaine. C’est un métier de passion, on ne peut le faire que si on l’a dans les tripes. Dans les petits domaines, on sait tout faire, de la taille à la mise en bouteille.

Vous avez fait le choix de la biodynamie, n’est-ce pas plus contraignant ?

Les terres sont restées en jachère longtemps, le sol est riche. Nous avons tout mis en œuvre pour préserver et développer cet écosystème naturel en intervenant le moins possible. La nature est bien faite, et utiliser des produits qui tuent la vie dans le sol n’est pas notre vision des choses. On reste à des doses inférieures au cahier des charges Demeter pour les sulfites (entre 40 et 60 par litre). Il n’y a pas de produits issus de la chimie de synthèse ici.

Pourriez-vous nous expliquer le principe de la biodynamie ?

La biodynamie considère le vivant de manière holistique. Ses bases ont été posées par Steiner en 1924. Au niveau mondial, 80% des sols sont considérés comme morts. Il faut considérer le vivant comme un système interdépendant. La vigne puise sa force dans le sol, nous l’aidons avec des préparations d’origine animale et végétale. Pour la partie aérienne, nous pulvérisons une préparation à base de minéraux (silice) broyés très finement, pour renforcer son système immunitaire.

Comment se répartit votre production ? Quels cépages utilisez-vous ?

Nous produisons 65 % de rouges, 25% de rosés et 10% de blancs. Le blanc est fait à base de Vermentino, d’Ugni blanc et de Viognier. C’est un pari risqué car le Viognier n’est pas agréé Côtes de Provence. Récemment nous avons planté deux cépages hybrides, Artaban et Floréal, qui sont des cépages  plus résistants, et ne nécessitent pas de traitements contre le mildiou et à l’oïdium. Ils arrivent à maturité avec une sucrosité contenue.

Vos vendanges sont manuelles, qu’est-ce qui motive ce choix ?

Par rapport à une vendange mécanique, la vendange manuelle coûte quatre fois plus cher.  Mais la grappe arrive à la cave intacte, et cette méthode nous laisse plus de liberté dans la taille de la vigne. Nous taillons en cordon de Royat (gobelet allongé) qui présente plusieurs avantages : les grappes sont plus aérées, ce qui évite le pourrissement et le raisin arrive à maturité de façon homogène, la vigne est plus forte. Certains ceps sont taillés en Guyot-Poussard, ce qui limite l’apparition de maladies.

Parlez-nous de vos vins, quelle est leur spécificité ?

Nos vins sont généreux, comme le terroir qui les porte. Le Justinien, se compose de Merlot et de Syrah, aux arômes de fruits noirs. C’est un IGP Vin de pays Var tout comme la cuvée Abondance, un assemblage de Marsellan, Merlot, Cinsault et Carignan. Notre rosé, la cuvée Enchantement est composé de Grenache et de Syrah.  Il a un nez expressif et floral (rose). C’est un vin équilibré rond et frais avec une bonne persistance. Pour le vin blanc, la cuvée Emerveillement, nous avons choisi un assemblage Vermentino, Viognier, et Ugni blanc, C’est un vin élégant, frais et gourmand avec une bouche ample.

Infos pratiques : Du mardi au samedi de 10h à 12h et de 14 h à 18h 

Domaine de la Marseillaise, 986 chemin de la Navarre 83260 La Crau

Tél : 04.94.36.50.27   Portable :06.08.02.02.02

Soirées vins et planches les jeudis et vendredis de Juin à fin Août.

www.domaine-la-marseillaise.fr