“La ressource en eau est au cœur de nos préoccupations”


30 novembre 2023

Maire de La Roquebrussanne, président du parc naturel régional de la Sainte-Baume, Michel Gros est un homme discret sur le plan médiatique et préoccupé par l’avenir des zones rurales varoises. Sécheresse, transition écologique, aménagement du territoire… Interview avec le Président de l’association des maires ruraux du Var.

 

Michel Gros, je suppose qu’il y a 30 ans, le rôle du maire n’était pas le même que celui que vous connaissez aujourd'hui !

Je ne vous le fais pas dire (rires). Il y a 30 ans, c’est l’État qui se substituait aux communes pour aménager les territoires et les maires avaient moins de charges qu’aujourd’hui. Entretemps les lois de décentralisation ont donné aux villes la compétence pour l’aménagement et ont placé les maires en première ligne dans ce type de domaine.

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Plus globalement, de nombreuses missions ont évolué…  

Oui et non…On gère toujours la commune, mais nos missions se sont complexifiées. Aujourd'hui, les normes sont de plus en plus contraignantes et nous asphyxient. Qui plus est, on dépend beaucoup des services de l’État, ce sont nos interlocuteurs privilégiés, mais ils ne sont pas toujours à notre écoute. 

 

Quelle est, en ce moment, la préoccupation majeure des maires ruraux ?

Sans hésitation, le réchauffement climatique. Ma fonction de président du Parc Naturel Régional de la Sainte-Baume me tient en alerte sur l’évolution de la nature. A titre d’exemple, il y a quelques jours, j’ai entendu des grillons qui chantaient alors qu’on ne les entend que durant les nuits d’été… En ce début d’automne, nos chênes ont fait des  rameaux au lieu de perdre leur feuillage, comme les platanes…  Nous assistons à de nombreux phénomènes inquiétants, sans parler du manque d’eau depuis deux ans.

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Quelles sont les solutions envisageables ? 

Je parlerai de sobriété, commencer par l’isolation des bâtiments, nous l’avons fait sur la  commune de La Roquebrussanne (mairie, salle des fêtes…), et décarboner les énergies avec le développement du solaire car cela signifie limitation des gaz à effets de serre pour préserver la biodiversité et nos ressources en eau.

 

Quels sont les principaux axes de travail de l’association ?

L’une de nos  priorités est, bien sûr, la protection de l’environnement, des espaces naturels et forestiers et cela commence par la préservation de nos terres agricoles. Mais tous ces sujets sont liés à la ressource en eau. Elle est au cœur des préoccupations. Je vous rappelle  que la Sainte-Baume est le château d’eau de la basse Provence et qu’elle alimente la métropole toulonnaise. Il faut que tout le monde réalise que l’eau ne vient pas des robinets, et que, dans nos zones rurales, nous constatons que nos ressources sont à sec. En France, les communes rurales représentent 30% de la population mais 88% des territoires, il y a donc un intérêt supérieur à les protéger.

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Avez-vous une crainte de voir, un jour, ces terres agricoles disparaître pour répondre à la crise du logement ? Est-ce une vraie menace ?

La menace est, selon moi, plus faible dans le Var grâce à notre classification en zones agricoles protégées, et la loi qui interdit aujourd’hui l’artificialisation des sols. Avec ces réglementations, on protège nos générations futures et la volonté de l’État est claire, il faut reconstruire la ville sur la ville, réhabiliter les centres urbains pour loger les populations, sans aller consommer les ENAF (espaces naturels agricoles ou forestiers).