Le solaire… comme s’il en pleuvait !

Dans un marché du solaire en plein essor, l’Etat a fait le choix du Made in France. Et l’implantation de la start-up Carbon sur le Grand Port Maritime de Marseille en est le plus bel exemple.

 

Le concept d'indépendance énergétique est apparu durant la période Covid. Mais pour y parvenir, il faut mettre en adéquation les projets et les investissements. Celui-ci représente 1,5 milliards d’euros pour une implantation hors norme, celle de la société Carbon à Fos-sur-mer. Un choix géographique évident pour Pierre-Emmanuel Martin, le président de la société.  « On parle de 60 hectares et ils ne se trouvent pas sous le sabot d’un cheval, plaisante-t-il. Le grand port maritime de Marseille représente un bassin d’emplois très dynamique et fortement engagé dans la transition énergétique et la décarbonation. Nous bénéficions d’intérêts convergents entre les politiques locaux et les autorités. Et évidemment, nous sommes dans un port avec une capacité de transport maritime, fluvial et ferroviaire importante.”

 

Cellule - © CARBON

3000 emplois directs dans notre région

Ainsi Fos-sur-mer va-t-il renouer avec son passé, en se tournant vers une industrie verte décarbonée symbolisée par un mode de transport des marchandises multimodal, une production à la pointe de la technologie et créatrice d’emplois. L’Agence Internationale de l’Énergie annonce que le solaire sera la première brique du mix énergétique mondial à hauteur de 23% à l’horizon 2050 ! explique le pdg de Carbon. On parle donc de dizaines de milliers d'emplois dans le solaire en France dans les années qui viennent. En ce qui nous concerne, nous misons sur la création de 3000 emplois directs.”

 

La mise en place d’une filière française 

Cette gigafactory est conçue pour produire plus de 22 millions de mètres carrés de panneaux photovoltaïques. Cette production va nécessairement développer un vaste réseau d’acteurs sur le marché français et européen.

“On s’adresse à une grande partie du marché, à travers différents segments, précise Pierre-Emmanuel Martin. La toiture résidentielle industrielle et commerciale, la partie ombrière des parkings en raison d’une obligation réglementaire imposant une couverture des parkings pour les surfaces de 1500m2 partout en Europe… Le photovoltaïque est très flexible à l'utilisation et adaptable en toiture, en flottant, au sol avec un marché centré sur l’Europe, et demain sur le pourtour méditerranéen et le marché domestique français dynamisé par la prochaine programmation pluriannuelle de l'énergie annoncée par le gouvernement.”

 

Parvenir à un leadership

L’enjeu économique est énorme, tout comme l’enjeu politique. Il s’agit en effet de rattraper le retard européen sur la Chine qui représente 95% de la production photovoltaïque mondiale. L’Europe submergé par les produits asiatiques, mène une contre-offensive pour se remettre à niveau sur l’ensemble de la chaîne. “C'est un vrai changement d’échelle pour l’industrie solaire européenne qui subit des conditions de marché qui ne sont pas très équitables avec la Chine, confesse Pierre-Emmanuel Martin. Il nous faut atteindre une certaine compétitivité dans un domaine où l’industrialisation des technologies vertes est une première en France, et s’inscrit dans un schéma national (loi industrie verte) et européen.”

 

Carbon a été créé en mars 2022 à Roche-la-Molière dans la Loire, par Pascal Richard, un spécialiste du photovoltaïque chez Alcatel, Total et SMA et Pierre-Emmanuel Martin (My Energy Manager et Terre et Lac). Elle est conçue pour ne fonctionner qu’en électrique, afin de respecter scrupuleusement la politique globale de décarbonation.

 

LA QUESTION QUI DÉRANGE :

Garantissez-vous des panneaux photovoltaïques 100% « Made in France » ?

 

PATRICE HUBIERE, Pdg de l’entreprise Photovoltaïque 83

Pierre-Emmanuel Martin : « C’est bien l’objet de CARBON, car nous remonterons la chaîne de valeur en intégrant verticalement, toutes les étapes du cœur industriel du photovoltaïque, en commençant par la fonte du polysilicium pour en faire des lingots, pour ensuite les découper en briques puis en très fines plaquettes, qu’on appelle des wafers, pour en faire des cellules actives électriquement et enfin nous assemblons l’ensemble des modules pour réaliser les panneaux solaires. »

Chaine de valeur - © CARBON