Depuis 60 ans, le Parc national de Port-Cros est en première ligne pour observer l’évolution de la biodiversité marine. Sophie-Dorothée DURON, directrice du parc, dresse un état des lieux marqué par l’arrivée de nouveaux habitants et le retour de certaines espèces. Une plongée au cœur d’une biodiversité toujours surprenante.
Sophie-Dorothée DURON-Parc national de Port-Cros ©Varinfos
Quel est l’impact des travaux du Parc national sur la biodiversité marine ?
La présence du Parc a permis de constater un renforcement des espèces assez connues chez nous, les mérous, les corbs… leur nombre est en augmentation du fait de la protection et de la gestion des zones marines. Des espèces caractéristiques de la Méditerranée font leur retour. Mais on observe aussi la présence d'animaux plus atypiques comme les tortues marines qui arrivent sur nos côtes. C’est lié au changement climatique et à nos plages globalement de bonne qualité pour leur permettre de pondre. En revanche, cela nous impose de pouvoir bien gérer un certain nombre de sites.
La tortue Caouanne vit dans toutes les mers tempérées et tropicales. Tortillons sortant de leur nid - Auteur CORBOBESSE Y. - Copyright Yann Corbobesse
Un dispositif est prévu ?
Effectivement le Parc National se lance dans un programme de recherche, pour trois ans, avec les cinq communes du Parc*, pour arriver à garantir la naturalité de certaines plages de sable, par exemple garantir une couverture sableuse, pour permettre à ces espèces de se sentir bien et de pouvoir correctement se développer dans nos eaux. Cela nous impose de connaître les sites potentiels de la venue des tortues et des pontes, avec des caractéristiques de connaissance de géomorphologie, et de garantir que ces zones restent en bon état.
Le Corb, un poisson principalement méditerranéen. Sa population est en augmentation. Corbs aux reflets argentés
Auteur LEFEBVRE Cl. Copyright Claude Lefebvre
Corbs aux reflets argentés
Il faut également sensibiliser le public…
Nous travaillons sur cette sensibilisation pour expliquer que si vous voyez une tortue, laissez-la nager, laissez-la faire sa ponte, ne la perturbez pas ! Cela permettra, avec les équipes du Réseau d'observateurs des tortues, de matérialiser le lieu de ponte pour le protéger. Huit plages vont participer à ce projet pilote.
Raie Mobula
On peut aussi faire de drôles de rencontres sur notre littoral ?
C'est vrai, on a fait des découvertes assez emblématiques et atypiques ! Il y a huit mois, on a détecté la présence d'un requin blanc dans les eaux du parc national, ou un certain nombre de raies, comme la majestueuse raie Mobula. Ce sont des animaux qui sont habitants de la Méditerranée et qui passent de temps en temps dans nos eaux.
Requin Blanc
Ces présences engendrent-elles un risque pour l’écosystème ?
Les températures de la Méditerranée augmentent très fortement. Au-delà des coraux comme les gorgones qui souffrent énormément, des espèces exotiques envahissantes apparaissent. Elles ne vivaient pas sur nos côtes et trouvent des conditions très propices dans le Var. C’est le cas du crabe bleu. Nous travaillons avec les pêcheurs pour identifier les zones de prolifération.
*La Garde, Le Pradet, Hyères, Ramatuelle et La Croix-Valmer